La vaccination en France : le grand cafouillage

Publié le 04/02/2016
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À l’heure, ou nous dressons le bilan concernant l'efficacité de la politique vaccinale en France, nous devons effectuer un petit retour en arrière, et nous pencher sur les conditions dans lesquelles certaines vaccinations ont été effectuées dans notre pays.

Il y a pas mal d’années de cela, un très célèbre ministre de l’époque souhaitait (pas souci égalitaire) effectuer la vaccination de l’hépatite B au sein des collèges. À cette période médiatiquement trouble, une information avait circulé concernant la responsabilité de ce vaccin dans le développement de maladies démyélinisantes. De ce fait, la proposition (qui avait été actée) est devenue obsolète, et le ministre a fait marche arrière.

Un autre ministre a souhaité effectuer une vaccination de masse (sans le concours des médecins de terrain) pour éviter une catastrophe sanitaire en rapport avec la grippe H1N1. Le résultat a été désastreux autant sur le plan financier que sur le plan de l’efficacité de cette prise en charge. Par la suite, le ministre avait été expliqué que ces vaccins allaient revendus l’année d’après, et certaines souches allaient être combinées avec le vaccin de la grippe. La population déjà échaudée par cette vaccination qu’ils jugeaient inutile (les rares qui la voulaient la souhaitait sans adjuvants ?) a boycotté la vaccination pour la grippe (pour un grand nombre) l’année suivante.

Un dernier ministre invité dans une émission grand public ne savait pas quels étaient les vaccins obligatoires dans notre pays. Tout cela pour dire que les médias permettent de véhiculer de nombreuses idées (pas forcément juste). Le public doit parmi ces « informations » faire le tri, et tout comme en politique, c’est la personne qui sera la plus convaincante qui aura la faveur de ce dernier. Or, ce n’est pas forcément celui qui va clamer la vérité.

Dans de telles conditions, pourquoi nos dirigeants ne font-ils pas appel aux scientifiques, et aux centres (INVS, ANSM, AFSSAPS…) dirigés par des têtes pensantes et subventionnées uniquement par les deniers publics, pour donner une information objective ? Comment le médecin de campagne lambda, malgré les informations qu'il reçoit, peut-il être certain de la véracité de ces idées ? Cela est d’autant plus vrai que les politiques ne souhaitent pas prendre leur responsabilité en ce qui concerne la vaccination. De ce fait, nous avons dans ce domaine les résultats à la hauteur de la prise de position de nos dirigeants… alors ne nous étonnons pas, et ne cherchons pas la responsabilité pleine et entière des médecins !

Dr Pierre FrancesBanyuls-sur-Mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin: 9468