DEPUIS 2004, le Conseil supérieur d’hygiène publique de France (Cshpf) recommande un rappel de la vaccination anticoquelucheuse chez les adultes en contact professionnel avec des nourrissons trop jeunes pour avoir reçu les trois premières doses du vaccin et chez les futurs ou nouveaux parents. Quarante ans d’utilisation d’un vaccin efficace qui bénéficie d’une couverture vaccinale élevée (95 % des enfants de moins de 2 ans reçoivent trois doses) ont modifié l’épidémiologie de la coqueluche. La maladie, devenue rare, persiste toutefois chez les personnes non protégées : les très jeunes non encore vaccinés et les adolescents ou adultes qui ne sont plus protégés (protection, acquise par la maladie ou la vaccination, disparue). Sa sévérité chez le nourrisson a rendu nécessaire une évolution du calendrier vaccinal. Une première modification en 1998 a permis d’introduire un deuxième rappel à 11-13 ans. Le nouveau schéma vaccinal comporte une injection à 2, 3 et 4 mois, plus deux rappels à 16-18 mois et à 11-13 ans et, depuis trois ans, une vaccination des adultes, en particulier des parents qui sont responsables de plus de la moitié des infections de l’enfant.
La surveillance de la coqueluche est assurée depuis 1998 par le réseau Renacoq (43 hôpitaux volontaires dans 21 régions). Depuis 2004, ne sont recueillies que les données concernant les enfants de moins de 6 mois vus en consultation ou hospitalisés. Les cas notifiés (30 % des cas de coqueluche enregistrés en France) sont confirmés biologiquement par le Centre national de référence (CNR) de la coqueluche et autres bordetelloses.
Un cycle de 3-5 ans.
Selon le bilan sur dix ans (1996-2005) publié dans « Eurosurveillance » mensuel (n° 1 de janvier 2007), entre 111 et 485 cas sont identifiés chaque année, avec une moyenne de 262 cas par an. Deux pics d’incidence ont été observés en 1997 et en 2000. Le pic de 2000 a été suivi de deux années de baisse avec de nouveau une augmentation continue du nombre de cas qui n’atteint pas, en 2005, les niveaux de 1997 et de 2000.
On ne peut pas parler de résurgence de la coqueluche, expliquent les auteurs. En effet, lorsque la couverture vaccinale est élevée dans une population, la maladie évolue selon un cycle de trois à cinq ans : les trois derniers pics ayant été observés en 1993, 1997 et 2000, «les données 2005 pourraient correspondre au nouveau pic attendu, mais son amplitude serait moindre».
Plus inquiétant, en revanche, «la proportion des enfants de moins de trois mois a augmenté de 33% en 1996 à 50% en 2005». L’incidence de la coqueluche chez les moins de 2 mois est estimée à 276 pour 100 000 en moyenne, un taux «particulièrement élevé» si l’on considère celui de 107/100 000 observé aux Etats-Unis dans les années 1990.
Plus de 80 % des 1 688 cas documentés par les pédiatres depuis mars 1996 ont été confirmés par le laboratoire. La plupart (96 %) des enfants atteints ont dû être hospitalisés, dont 17 % en soins intensifs. La létalité, stable au cours de la période, s’est maintenue à un niveau élevé en 2005, aux environs de 2 %, ce qui correspond à une valeur haute de la fourchette observée dans la littérature.
Le statut vaccinal de la plupart (83 %) des enfants a pu être déterminé (carnet de santé) : 78 % d’entre eux n’étaient pas vaccinés, dont 47 % avaient moins de 2 mois. Cette proportion est restée stable au cours du temps. Parmi les enfants de plus de 2 à 5 mois, seulement 24 % étaient correctement vaccinés.
Les 11-13 ans et les adultes.
Un effort doit être fait pour «encourager les parents et les médecins» à mieux vacciner les enfants en temps et en heure. Lorsque la source de l’infection a pu être déterminée, les parents étaient en cause dans 55 % des cas, les frères ou soeurs dans 24 % des cas. La couverture vaccinale chez les 11-13 ans (cinquième injection) évaluée à 50 %, selon des données de 2005, doit encore s’améliorer. Enfin et «malheureusement», soulignent les auteurs, une étude récente révèle que la vaccination des parents n’est que «rarement appliquée». Il est indispensable de promouvoir cette stratégie car «la coqueluche est loin d’être sous contrôle en France».
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