Alors que la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1 débute officiellement le 12 novembre, les professionnels de santé libéraux (médecins, sages-femmes et infirmiers) peuvent se faire vacciner dès aujourd’hui, lundi, dans les établissements de santé. « Compte tenu de l’ évolution de l’épidémie et en particulier de l’augmentation importante du nombre de cas en Ile-de-France et dans les grands centres urbains, Roselyne Bachelot a décidé de donner la possibilité aux médecins, sages-femmes et infirmiers libéraux, de se faire vacciner s’ils le souhaitent, au sein des établissements de santé sans attendre l’ouverture des centres de vaccination » a précisé le ministère de la Santé dans un communiqué. Une réunion des représentants des URML et des syndicats médicaux et infirmiers s’est tenue la semaine dernière au ministère pour mettre en place ce dispositif. Une note a été adressée aux centres hospitaliers qui bénéficient d’un SAMU et d’une consultation grippe. Ces derniers sont donc censés accueillir les professionnels de santé qui le souhaitent jusqu’à mardi prochain. Ceux qui ne se seront pas vaccinés durant cette période resteront prioritaires comme prévu, à l’ouverture des 1080 centres de vaccination, qui aura lieu le 12 novembre.
Sept semaines après le début de l'épidémie, la propagation du nouveau virus de grippe H1N1 s'est accélérée significativement en France métropolitaine et devrait selon les experts sanitaires rebondir au retour des vacances scolaires. La progression de l'épidémie est « très rapide en Ile-de-France avec + 55 % d'augmentation des consultations la semaine dernière auprès de généralistes » commente le Dr Françoise Weber, directrice de l’INVS. « Toutes les urgences pédiatriques en Ile-de-France ont une augmentation d'activité de plus 75 à 80 % » par rapport aux périodes similaires de ces 4 ou 5 dernières années, a également indiqué mercredi le Pr Gérard Chéron, chef de service à Necker (Paris). « Ce sont des consultations motivées par des décalages thermiques, de la fièvre d'apparition brutale, de la toux, un nez qui coule, éventuellement un vomissement et actuellement, dans plus de 90 % des cas, ces syndromes grippaux sont bien le fait de la grippe A (H1N1) », ajoute-t-il. L'épidémie se propage rapidement, car la durée observée d'incubation de la grippe H1N1 est de 36 heures. « Les enfants sont en effet les premiers touchés par la grippe », rappelle le Dr Françoise Weber pour qui cet encombrement des urgences pédiatriques est « compatible avec la situation évolutive de l'épidémie ». Globalement le recours aux urgences a doublé sur le territoire la semaine écoulée, avec une majorité de patients âgés de 5 à 64 ans. Mais l'augmentation la plus importante concerne les 6-14 ans. La progression commence à gagner toute la France métropolitaine et à toucher les grands centres urbains. Pour toute la métropole, l’incidence était en hausse sur la semaine dernière avec 216 cas/100 000 habitants contre 159 la semaine précédente.
Le réseau Grog signale notamment des signes d'activité grippale à Lyon, Lille, Marseille et Toulouse. De son côté, le réseau Sentinelles fait apparaître l'Alsace (528 cas pour 100 000 habitants) parmi les régions les plus touchées, avec l'Ile-de-France (450), suivie du Nord-Pas-de-Calais (379), du Poitou-Charentes (292), de la Champagne-Ardenne (240) et du Midi-Pyrénées (212). Les vacances scolaires - dans la mesure où elles réduisent les contacts entre enfants, premiers propagateurs des virus grippaux - sont susceptibles d'avoir un petit effet coupe-grippe, selon des épidémiologistes. Mais un effet rebond risque de se faire sentir après la rentrée scolaire. L'expérience montre, selon le Pr Chéron, que les services pédiatriques connaissent une baisse d'activité pendant les derniers jours des vacances de Toussaint, puis l'activité remonte à son maximum dans les 48 heures après la rentrée.
Cette reprise de l’épidémie incitera-t-elle les Français à se faire vacciner alors que selon le dernier sondage IFOP publié dimanche dernier, ils ne seraient actuellement que 17 % à l’envisager ? « Beaucoup de ceux qui ne se sentent pas concernés par la vaccination vont, au contact de la montée de la pandémie, certainement changer d'avis », avait pronostiqué le Premier ministre le 24 septembre, lors de l'annonce du plan de vaccination. Pour l’heure, la France compte 44 décès, dont 17 en métropole depuis le début de l'épidémie. En outre, 11 % des cas graves hospitalisés ne présentaient aucun terrain de fragilité particulier.
Véronique Hunsinger
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