Les résultats de la trithérapie sont bien meilleurs que ceux de la bithérapie, et ce dans les trois situations cliniques possibles. « Quand le patient est naïf de tout traitement, son taux de guérison est de 40 % sous bithérapie et de 70 % sous trithérapie » indique le Pr Georges-Philippe Pageaux, hépato-gastroentérologue au CHRU de Montpellier et secrétaire général de l'AFEF (association française pour l'étude du foie). « Quand il a déjà été traité et a rechuté, le taux de guérison est de 35 à 40 % sous bithérapie et de 75 % sous trithérapie. Enfin, quand un premier traitement avait échoué, 30 % des patients sous trithérapie guérissent. »
Ces résultats ne concernent que le génotype 1 de l'hépatite C, qui est à la fois le plus fréquent (60 à 65 % des patients) et le plus difficile à traiter. L'ajout d'une antiprotéase (boceprevir ou telaprevir) a obtenu son AMM en France voici environ six mois dans cette pathologie.
Anémie et autres effets secondaires
« Mais ces médicaments sont responsables d'anémie, en particulier chez les patients ayant une cirrhose, comme l'a montré la cohorte CUPIC » prévient le Pr Pageaux. CUPIC a commencé début 2011, avec l'ATU des trithérapies, pour mesurer la tolérance des inhibiteurs de protéase en combinaison avec l'interféron et la ribavirine, chez les malades en échec thérapeutique présentant une cirrhose. En effet, les études de phase III avaient montré des effets secondaires (anémie, prurit, rash), mais le nombre de patients cirrhotiques dans ces essais était faible. La cohorte CUPIC montre que la tolérance de la trithérapie est mauvaise, avec des taux élevés d'effets indésirables graves, en particulier des anémies de grade 2, 3 et 4, nécessitant une utilisation d'EPO ou une transfusion sanguine. « L'anémie concerne 15 % des patients, mais jusqu'à 30 % des cirrhotiques sous trithérapie, souligne le Pr Pageaux. Cependant, quand on est confronté à cette anémie sous trithérapie, on peut baisser la posologie de la ribavirine - ce qui n'est pas le cas sous bithérapie - et ainsi diminuer cet effet indésirable. »
La bithérapie reste valable pour certains patients
Pour cette raison, mais aussi pour une question de coût, comme l'a montré une analyse pharmaco-économique présentée aux JFHOD (Journées francophones d'hépato-gastroentérologie et d'oncologie digestive), il importe d'identifier les patients qui peuvent demeurer sous bithérapie. L'AFEF recommande ainsi l'utilisation du polymorphisme de l'IL28B comme aide à la décision. Les patients naïfs, de génotype CC pour le gène IL28B, sans fibrose sévère, sont ainsi susceptibles de répondre positivement à une bithérapie. « Ils ne constituent pas plus de 10 % des patients, mais c'est déjà ça !» se réjouit le Pr Pageaux.
De plus, la recherche ne s’arrete pas au boceprevir et telaprevir. « Bien qu'on n'ait encore que des résultats parcellaires de phase II, il y a un grand espoir de développement d'antiprotéases pangénotypiques pour les années à venir, ce qui permettrait de traiter les hépatites C de génotype autres que le génotype 1 » conclut le Pr Pageaux.
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