Arts
POURQUOI inviter cet artiste contemporain, l'un des principaux représentants de la peinture figurative française, à s'associer à la commémoration de l'épisode de 1871 qui bouleversa l'histoire nationale en soixante-douze jours ? Rustin l'explique. A ses yeux, cet événement « a toujours été (...) l'image la plus parfaite du rêve révolutionnaire en conflit avec la réalité politique incarnée par Thiers et les Versaillais ». Et ceux qui connaissent l'œuvre du peintre savent qu'elle renvoie irrésistiblement à la tragique et insoutenable condition humaine, à la souffrance, à l'effroi. Rustin est l'un des peintres les plus inspirés de l'Histoire des hommes, de l'humanité dans son universalité.
Quatre expositions dédiées à son œuvre vont se chevaucher et se succéder à Paris et dans sa région*. Une manière de découvrir ou de redécouvrir ces corps silencieux, crus et morbides, ces chairs tristes qui s'inscrivent dans un univers désertique, enfermés dans des sortes de tombeaux à claire-voie, sous une lumière d'un gris sinistre. Les créatures humaines de Rustin, regards fixes et crânes glabres, offrent leur nudité dans ce qu'elle a de plus intime : sexes, seins et membres s'exhibent sur la toile. Ces anatomies affligées, ces figures usées, ces corps misérables provoquent à chaque fois un sentiment mêlé d'attraction et d'aversion, à la mesure de la violence et de la tendresse qui les inspirent et les expriment. Jamais chez Rustin le génie du tragique n'efface l'espérance.
Peintre septuagénaire inlassable, toujours prêt à réécrire, à remodeler les corps des personnages qui le hantent, à les « caresser », comme il dit, à « lestravailler jusqu'au moment où (il est lui-même) fasciné par leur présence sur la toile ». Rustin parle également de sa peinture comme « un discours silencieux, sans mots ». On en est réduit à se taire, à écouter ce silence presque religieux. Et à ressentir.
* Hôtel de ville de Paris, dans le cadre de l'exposition sur la Commune de Paris, entrée libre, jusqu'au 8 avril. Médiathèque de Bagnolet (1, rue Marceau, tél. 01.49.93.60.90), jusqu'au 15 mai.
A venir : Galerie Idées d'artistes (17, rue Quincampoix, Paris 4e), « Petits Formats » de Rustin, du 2 avril au 22 mai. Atelier de la Manufacture des Œillets (38, bd Raspail, Paris 7e, tél. 01.42.77.85.10.), les 29 avril, 6, 13, 27 mai et 3 juin.
A noter : « Jean Rustin », film documentaire. DVD Vidéo. Mars 2004. Babylone Productions, 25 euros.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature