La toux est l'un des motifs de consultation les plus fréquents en médecine générale. Alyn H. Morice (Royaume-Uni) a rappelé les conclusions du groupe de travail de l'ERS sur le bilan d'une toux chronique : interrogatoire soigneux afin d'en déterminer l'histoire, examen complet, y compris laryngo-pharyngé, radiographie pulmonaire pour éventuellement éviter le recours à des examens complémentaires plus lourds, stratégie diagnostique adaptée « d'épreuve ».
L'évaluation de la toux elle-même n'est pas toujours facile. En effet, la toux est d'abord une donnée perceptive, influencée par divers paramètres, comme la tendance qu'a le patient à consulter ou pas, le degré d'anxiété, le contexte pathologique (par exemple, dans l'asthme) et, chez l'enfant, l'opinion de ses parents. Le praticien peut s'aider en demandant à son patient de répondre à un questionnaire validé, mais il s'agit d'un moyen en réalité assez peu fiable, comme l'ont montré des travaux comparant les réponses des enfants à celles de leurs parents sur les toux nocturnes des premiers. D'autres études ont montré que la tenue d'un journal est encore moins pertinente.
Des échelles d'intensité ont été proposées sur le modèle des échelles d'évaluation de la douleur, la plus connue étant celle de Likert, qui va de 0 à 4. D'autres combinent la périodicité et le retentissement sur les activités scolaires ou professionnelles (gêne, voire absentéisme). Des mesures de qualité de vie en rapport avec la toux ont été proposées récemment ; elles utilisent des paramètres comme l'existence de nausées, de céphalées, d'incontinence, d'enrouement et de gêne aux activités. Les toux nocturnes restent de toute façon difficiles à apprécier.
Toutes ces difficultés, explique Anne Chang (Australie), ont fait rechercher des méthodes objectives d'examen de la toux. Des compteurs de fréquence ont été proposés, certains d'usage hospitalier, au moyen de magnétophones ou de caméras vidéo, d'autres d'usage ambulatoire. Pour ces derniers, les dispositifs dépendent de leur capacité à faire le lien entre des données obtenues avec un EMG et les sons supposés être ceux de la toux. Aucune de ces méthodes n'est standardisée, elles demandent de plus une adaptation quand il s'agit d'enfants.
Les méthodes « sensitives » mesurent la facilité du patient à tousser après stimulation des récepteurs chimiosensibles de la toux au moyen de diverses substances (capsaïcine, vapeur, acide citrique). Mais leur pertinence est encore en cours d'évaluation, les résultats dépendant de facteurs variés (état pathologique sous-jacent, humidité de la toux, flux inspiratoire, sexe chez les adultes - mais pas chez les enfants..., etc). Les corrélations entre ces différents types d'appréciation de la toux étant au mieux de valeur moyenne, les recherches se poursuivent.
Les traitements de la toux chronique sont nombreux. Certains sont dits « non spécifiques », d'autres « spécifiques » parce qu'ils agissent sur ses mécanismes en fonction de son étiologie. Par exemple sont dits spécifiques les stéroïdes inhalés dans l'asthme, les vasoconstricteurs locaux dans les rhinosinusites ou les inhibiteurs de la pompe à protons dans le reflux gastro-sophagien. Pour Kian F. Chung, l'exemple de cette dernière affection montre la complexité du problème : les mécanismes de la toux y sont nombreux (réflexe broncho-sophagien, action directe des ions H+ en provenance de l'estomac sur les récepteurs de la toux et les centres de la toux au niveau du système nerveux central, troubles de la mobilité sophagienne) et les essais thérapeutiques ayant utilisé des médicaments du reflux sont peu concluants.
La recherche thérapeutique s'oriente sur la modulation de l'activité des nerfs afférents et l'exploration des propriétés éventuelles sur la toux de certaines molécules agissant aux niveaux périphériques ou centraux. Elle se heurte non seulement aux problèmes d'évaluation mentionnés précédemment, mais à la méthodologie même des essais cliniques : quelle population de tousseurs ? quel critère principal ? quel niveau de significativité des résultats cliniques ?
D'après les communications de A. H. Morice, A. Chang et K. F. Chung.
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