LE DÉPAYSEMENT commence dès la gare de Bercy, Paris 12e arrondissement. Un rapide contrôle d'identité sur le quai, vous montez dans le train de nuit et le pas outre-alpin est presque déjà franchi. Une bonne surprise vous attend même au wagon-restaurant. Oui, on mange bien dans ce train ! Pour 26 euros, le menu – avec, pour antipasti, les pâtes cuisinées sur place, puis de fines tranches de boeuf et des poivrons grillés – donne un avant-goût prometteur de la qualité gastronomique du séjour à venir.
Pour ceux qui mesurent plus de 1,75 m, les orteils auront tendance à chatouiller un peu la paroi de la couchette pendant la nuit. Mais quel plaisir de se réveiller avec les premiers rayons du soleil sous le ciel de Bologne. Une toilette de chat, puis le premier « vrai capuccino »… Le nez collé à la fenêtre, le regard se perd déjà sur le toit des petites maisons accrochées aux collines et les vêtements qui sèchent aux balcons.
La nature en paix.
7 h 15, et voilà la gare Campo di Marte de Florence, Firenze dans le texte. A quelques kilomètres de là, les vieilles bâtisses s'égrènent sur les monts florentins. L'une d'entre elles, la fattoria, la Nutrice existe depuis 1447. Une inscription le certifie sur la grande cheminée de pierre de la salle à manger. Le propriétaire, Paolo Zorzet, est un architecte connu dans son pays. Il a restauré cette demeure en lui donnant une touche de modernité. Les chaises en plastique jaune et rouge côtoient les vieilles dalles, les coussins colorés égaient les boiseries.
Le matin, le réveil est calé sur le chant du coq, seule musique à troubler le silence environnant.
Les origines de la Villa delle Rose remontent au XIIIe siècle. La vue qu'elle offre sur les collines florentines est tout aussi imprenable.
Toujours à Mercatale Val di Pesa, au coeur du Chianti classico, le domaine Calafrale a été divisé en trois appartements élégants. Idéal pour accueillir des familles nombreuses. Les casa Granaio et casa Guardia se côtoient, dans un bourg datant du XVe siècle, près de Castellina in Chianti, le long de l'ancienne voie reliant Sienne à Florence. Là encore, les appartements donnent sur les vignes et les oliveraies.
Les balades à cheval sont idéales pour découvrir les chemins de traverse. L'occasion d'y croiser des biches et, encore plus souvent, les nombreux faisans peu farouches.
A flots.
L'art toscan se savoure d'abord dans l'assiette. Alors le détour par la boucherie de Michelangelo est incontournable. Dans une petite rue du village Panzano in Chianti, une grosse vache en plâtre multicolore indique la célèbre boutique. Le boucher est en effet une figure locale et même… internationale. Des commandes de son tonno del Chianti (boeuf), la spécialité du chef, partent jusqu'à Hong Kong. Dehors, sur le mur, le joyeux boucher a accroché une rose, qu'il change tous les jours, en hommage à… la vache qui n'est plus folle.
Une table y est dressée, où crostini d'huile d'olive et de lardo (sorte de rillettes, nommées là-bas le « beurre du Chianti ») sont à déguster. Un énorme rôti de porc trône sur une planche en bois et des olives baignent dans de gros bocaux ornés de tranches d'orange.
Vin et huile d'olive coulent à flots dans le Chianti. Les fabriques et les caves se visitent autour d'un verre ou d'un gobelet de ces précieux breuvages. Le domaine Rufino écoule quinze millions de bouteilles de chianti chaque année. La dégustation de chianti classico, de chardonnay et de pinot noir a lieu dans l'une des prestigieuses salles du bâtiment du XVIIIe siècle.
La Fattoria La Novella, de dimensions plus «familiales», est dirigée par un Français. Suivant des règles de fabrication le plus «bio» possible (une partie du domaine est chauffée par la combustion des noyaux d'olive !), son huile d'olive se retrouve dans les rayons des épiceries Fauchon.
Côté restauration, il y a aussi l'embarras du choix. A Greve in Chianti, le joli restaurant Il Portico. Sur la place du village, la piazza Matteotti, cernée de boutiques, dont l'« antica macelleria fallorni », spécialisée dans les cochonnailles, un poissonnier ambulant vend des mélanges de fruits de mer. A la terrasse du Portico, on vous sert la San Pellegrino dans de grands verres bleus. Et sitôt assis, les assiettes généreuses de charcuterie arrivent sur la table nappée de carreaux bleus et blancs.
Bain de luxe.
Pour celles et ceux qui en auraient toutefois assez de regarder gambader les cervidés et de picorer les gibiers à plume, et qui seraient soudainement pris d'un accès nostalgique de civilisation, la Toscane est aussi pourvue d'un endroit promu à satisfaire leur besoin de consommation. Avec The Mall, le magasin d'usine situé à Arezzo, à une vingtaine de kilomètres de Florence. Dégotter le sac Gucci ou la robe Stella McCartney à 50, voire 60 ou 70 %, peut donner l'impression de faire une bonne affaire. La marque Prada a, elle aussi, son « outlet », dans une zone encore plus reculée (il faut connaître l'adresse ! SS 69 Levanella, Montevarchi), et y enfiler une petite robe, ne serait-ce que pour l'essayer, représente toujours trois minutes trente de bonheur bonnes à prendre. Les shoppeurs éreintés peuvent ensuite prendre un sandwich dans le très design bar «blanc» du magasin Prada ou une belle tranche de bizteca parfumée au romarin au DOT.COM du Mall.
Débauche de culture.
En 1434, le clan des Médicis prend les rênes de Firenze. Plus d'un siècle plus tard, la cité devient la capitale du grand-duché de Toscane, et cette époque voit fleurir nombreux monuments qui font encore le charme de la ville : l'église San Miniato al Monte, l'église Santa Maria Novella et le Dôme, bien sûr, qui abrite les oeuvres de Donatello, Michel-Ange et Giotto.
La galerie des Offices compte, dit-on, parmi les plus beaux musées de peinture au monde. C'est là qu'on peut y admirer « la Naissance de Vénus » et « le Printemps », de Botticelli, « l'Annonciation », de Vinci, ou encore « la Vénus d'Urbino », de Titien. Peut-être plus modestement fréquentées, mais imposantes tout de même, la préfecture de Firenze et la Capelle de Médicis, qui, elle, offre une débauche mégalomaniaque de marbre.
Parmi la pléthore de restaurants, deux bonnes adresses pour manger à Florence : le généreux Il Latino, où les portions d'artichauts frits valent celles des cantuccini (biscuits secs typiques) trempés dans de petits verres de vin santo. Les soupes de flageolets sont servies dans des jarres, et la charcuterie y est, là encore, excellente. Pour le déjeuner, les Quatre Leonis offrent dans un joli décor jeune et coloré les mêmes spécialités toscanes : pâtes, soupes et tranches impressionnantes de bifteck.
Après une telle débauche culturelle, il est bon de s'offrir une pause au cinquième étage du grand magasin La Rinascente, devant un café et une belle coupe de glace. De la terrasse, on domine ainsi la piazza della Republica. Et puis, il est amusant de se perdre dans les petites rues derrière la piazza Santa Maria et chercher l'Antica farmacia di San Marco (via Cavour, 146).
Fondé en 1436, l'étonnant établissement propose dans son enceinte Renaissance une liste interminable de produits naturels, crèmes, savons, mousses à raser, tisanes. La Toscane, au naturel, est la plus belle.
Pour partir
TRANSPORTS
Filiale de la Sncf, Artesia propose tous les jours des trains de nuit pour Florence au départ de la gare de Bercy. Départ 19 h 06, arrivée 7 h 16. Voitures lits à partir de 125 euros TTC (espaces 3 personnes).
Rens. tél. 3635. Dans tous les points de vente Sncf, en gare ou en boutiques, ou dans les agences de voyages agréées. Sur les sites www.artesia.eu et www.voyages-sncf.com.
FORMALITÉS
Passeport ou carte d'identité.
LOCATION DE DEMEURES
Cuendet propose des villas, des châteaux, des fermes et des appartements dans le centre-ville de Florence, les collines florentines ou le Chianti. Collection « Les manoirs » avec, par exemple, la très belle Casa delle Rose, à 25 km de Florence : pour dix personnes, 2 680 euros par semaine en basse saison (du 29 septembre au 27 octobre) jusqu'à 4 555 euros du 30 juin au 1er septembre. Mais aussi, à partir de 453 euros pour 4 ou 5 personnes du 21 au 28 avril dans la propriété Sorbi, dans les coteaux florentins.
RENSEIGNEMENTS
– Office du tourisme d'Italie, 23, rue de la Paix, 75002 Paris. Tél. 01.42.66.03.96. http://www.enit-france.com/florence.php.
– Cuendet. Tél. 0.800.909.222. et www.cuendet.fr.
Brochures dans les agences de voyages.
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