Le suicide représente le risque majeur encouru par les patients bipolaires. Le traitement de référence de ce trouble de l’humeur fait appel au lithium auquel il est parfois nécessaire, même si ce n’est pas préconisé, d’adjoindre un antidépresseur lors des épisodes dépressifs. Ces derniers risquent en effet d’induire un virage de l’humeur (dans 5 à 20 % des cas suivant les études) caractérisé par la survenue d’un épisode hypomaniaque ou maniaque et susceptible de provoquer un ou plusieurs nouveaux cycles faisant craindre une accélération et la survenue d’un trouble bipolaire à cycle rapide. Sachant qu’il n’est cependant pas possible d’en faire l’économie, la question se pose de savoir quelle classe d’antidépresseur prescrire. L’étude Manitude réalisée en ouvert auprès de 975 patients bipolaires déprimés sous thymorégulateurs a tenté de répondre à cette interrogation en comparant des molécules aux mécanismes différents : IRS, biaminergiques et tricycliques et tianeptine.
Effet sur la neuroplasticité
Globalement durant les 6 mois de cette étude, 1 patient sur 5 à fait un virage de l’humeur pharmaco-induit. Le nombre de virages maniaques observés sous tianeptine a été près de moitié moindre en comparaison des épisodes observés avec les autres classes thérapeutiques. Ce score est d’autant plus remarquable que les patients sous tianeptine avaient davantage d’épisodes passés à leur actif et que l’on sait qu’il s’agit tout comme la durée d’exposition à la maladie des deux seuls facteurs prédictif de virage de l’humeur identifiés à ce jour. L’efficacité antidépressive mesurée sur l’échelle MADRS, comme les éventuels effets indésirables ont été comparables dans les différents groupes. Ainsi la tianeptine qui agit sur la régulation de la transmission glutaminergique, elle-même impliquée dans la neuroplasticité – tout comme le lithium -, pourrait constituer un traitement de choix pour les dépressions bipolaires.
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