PAR LE Dr BERTRAND LUKACS*
LA THERMOTHERAPIE par radiofréquence, ou Tuna (TransUrethral Needle Ablation), est une technique de thermothérapie prostatique à haute énergie développée dans les années 1990. Les premières études ont été publiées en Europe en 1993, puis aux Etats-Unis en 1996. Cette technique a été approuvée par la Food and Drug Administration en 1996. Actuellement, probablement plus de 80 000 patients dans le monde en ont bénéficié. La Haute Autorité de santé a publié en avril 2006 un avis favorable et son inscription définitive à la classification commune des actes médicaux (Ccam) est attendue.
Le dispositif est composé de deux éléments : un générateur de radiofréquence et une aiguille rétractable en « dent de cobra » associée à un endoscope à usage unique. La longueur de l'aiguille est réglable et détermine les limites d'utilisation : le diamètre latéral de la prostate doit être compris entre 25 et 80 mm, ce qui correspond à des prostates dont le volume est inférieur ou égal à 80 cm3.
Une nécrose de coagulation.
L'intervention endoscopique consiste à piquer les lobes prostatiques à l'aide de ces aiguilles, qui véhiculent l'énergie délivrée par le générateur au niveau du tissu prostatique. Celle-ci est transformée en chaleur, qui atteint rapidement 110 °C. L'extrémité proximale des aiguilles est recouverte de Teflon afin de protéger l'urètre. Les séquences de traitement durent près de trois minutes par ponction. Le nombre de ponctions est défini par la longueur entre le col vésical et le veru montanum. Cette élévation locale de température va entraîner une nécrose de coagulation et une destruction des récepteurs alpha, levant ainsi le tonus autour de l'urètre qui est conservé. Cette intervention peut être pratiquée en ambulatoire ; elle nécessite une anesthésie locale par bloc prostatique ou une très courte anesthésie générale sans intubation. En fonction de l'état du patient, du volume de la prostate, de l'habitude du chirurgien, une sonde urétrale est souvent mise en fin d'intervention. Dans ce cas, cette sonde est généralement gardée 48 heures. Les complications per- et postopératoires sont minimes, rétention aiguë d'urine et hématurie étant les plus fréquentes. Cette intervention ne provoque pas d'éjaculation rétrograde ou d'autres troubles sexuels.
Les résultats cliniques, évalués sur les critères habituels (sévérité des symptômes, gêne induite par ces symptômes, débit mictionnel, résidu postmictionnel), sont supérieurs aux résultats moyens obtenus avec les traitements médicamenteux et inférieurs à ceux de la chirurgie habituelle. La stabilité dans le temps des résultats cliniques est l'objet de discussion, les études au long cours étant trop peu nombreuses. Cependant, à cinq ans, les résultats semblent stables, avec un taux d'échec de 20 %, comparable à celui des traitements médicaux.
Cette technique est donc particulièrement indiquée chez les patients ayant une hypertrophie bénigne de la prostate non compliquée, symptomatique (avec un score Ipss > 7, score de gêne ≥ 3), mauvais répondeurs aux traitements médicaux ou ne voulant pas poursuivre leur traitement médical, moyennement obstrués (débit urinaire maximal > 7 ml/s, résidu postmictionnel ≤ 150 ml) et ne voulant courir aucun risque de troubles de l'éjaculation postopératoires. La deuxième indication correspond aux patients ayant une hypertrophie bénigne de la prostate symptomatique justifiant d'un traitement chirurgical et pour lesquels les autres interventions sont contre-indiquées.
* Hôpital Tenon, Paris.
Métaanalyse de l'efficacité
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Résultats à long terme
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Etudes de l'efficacité et de la sécurité d'emploi à un an
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Résultats hémodynamiques
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Tuna et volume prostatique
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Mécanismes d'action
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