L'UTILISATION de la thermoplastie bronchique pourrait réduire de façon significative le nombre d'exacerbations d'asthme chez les sujets souffrant d'une forme modérée à sévère de la maladie. Une étude compare cette technique au traitement habituel de la maladie. Elle suggère que la thermoplastie permet, au bout de douze mois, d'améliorer la valeur du débitmètre de pointe au réveil, le score de qualité de vie, le nombre de jours sans symptômes, le score de ces symptômes et le recours à des traitements de la crise. Néanmoins, les valeurs des tests de réponse à la stimulation et le Vems (volume expiratoire maximal par seconde) ne sont pas modifiés par rapport au groupe témoin.
La technique de thermoplastie bronchique (voir encadré) est testée dans le département de pneumologie de l'hôpital Laval, au Canada, depuis plusieurs années. Au cours d'une étude préliminaire, ce dispositif a été utilisé avec succès chez 16 asthmatiques modérés à sévères. Les sujets traités tendaient à présenter moins de signes cliniques d'hyperréactivité bronchique et l'intensité de leurs symptômes liés à l'asthme était diminuée. A la suite de ces résultats, deux études randomisées ont été mises en place. L'équipe du Dr Gérard Cox présente, dans le « New England Journal of Medicine », les résultats de la première de ces études.
Au total, 112 sujets ont été tirés au sort pour recevoir soit un traitement conventionnel surveillé de leur asthme par bêta 2-mimétiques associés à des corticoïdes inhalés de façon exclusive, soit une thermoplastie bronchique associée à ce traitement. Les malades étaient âgés de 18 à 65 ans et, pour être inclus dans l'étude, leur débit expiratoire forcé en une seconde devait être compris entre 60 et 85 % de la valeur admise pour leur âge. Ils devaient, en outre, présenter des signes cliniques d'hyperréactivité bronchique. Deux groupes de 56 personnes ont été désignés : les patients du groupe thermoplastie ont reçu en moyenne trois traitements, par introduction du cathéter dans leurs bronches de taille moyenne. Le suivi a duré douze mois en tout.
Différence significative à partir de trois mois.
Globalement, à l'issue de ces douze mois, le nombre d'exacerbations asthmatiques était de 0,18 par semaine dans le groupe thermoplastie, contre 0,35 dans le groupe témoin. Cette différence était significative à partir de trois mois et elle se poursuivait jusqu'en fin d'année de suivi. Par rapport à l'état basal, ces mêmes patients ont vu leur nombre d'exacerbations diminuer de façon significative dès le troisième mois. Le nombre de crises qualifiées de sévères a lui aussi été réduit grâce à l'utilisation de la thermoplastie : il s'est établi à 0,01 par patient et par semaine, contre 0,07 chez les témoins. Les auteurs ont aussi pu constater que la qualité de vie globale des patients et en rapport avec l'asthme s'est améliorée grâce à l'utilisation de la thermoplastie. Le Dr Cox a aussi analysé la tolérance du nouveau traitement. Pendant les six premières semaines suivant la thermoplastie, les sujets traités se plaignent plus souvent que les témoins d'une majoration des épisodes de dyspnée, de sifflement, de toux ou d'inconfort thoracique. En revanche, pendant le reste du suivi, l'incidence des effets secondaires respiratoires est similaire dans les deux groupes.
« New England Journal of Medicine », vol. 356 ; 13, pp. 1327-1334, 29 mars 2007.
Le système Alair
Le dispositif de thermoplastie bronchique est constitué d'un générateur et d'un cathéter à usage unique. Il libère une chaleur contrôlée au niveau des bronches dans lesquelles il est introduit au cours d'une bronchoscopie. Le cathéter est constitué en son extrémité d'un panier muni de quatre bras qui se déploient afin d'entrer en contact avec la surface bronchique. A partir de ces quatre extrémités, une énergie par radiofréquence, émise par la générateur, est délivrée. Elle permet une augmentation de la chaleur à la surface du muscle bronchique. Cette source de chaleur contribue à réduire la quantité de cellules musculaires dans la paroi bronchique et, de ce fait, les capacités de contraction musculaire. Les séances durent de 45 à 60 minutes et elles permettent de traiter environ un tiers des bronches atteintes.
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