L'ACCÈS aux salles de marchés financiers bientôt conditionné par des tests hormonaux ? La question vaut qu'on la pose à la lecture des résultats d'une étude britannique. J. M. Coates et J. Herbert (Cambridge) se sont intéressés aux taux de testostérone et de cortisol des négociateurs de valeurs. Ils ont établi une relation entre la testostéronémie et les résultats financiers individuels, ainsi qu'entre le taux de cortisol et le degré d'incertitude du marché.
L'étude a été menée en conditions réelles, dans une salle des marchés de la City de Londres. Dix-sept traders ont été suivis pendant huit jours. Leurs niveaux hormonaux ont été mesurés à 11 et 16 heures.
Une corrélation avec les profits de la journée.
Les taux de testostérone sont corrélés aux profits de la journée. Les jours où le taux de 11 heures est élevé, les résultats sont les meilleurs. Les dates varient d'un opérateur à l'autre, ce qui écarte la possibilité d'un biais lié à la conjoncture.
La cortisolémie s'élève avec le degré d'incertitude du marché. Contrairement à l'hypothèse initiale des chercheurs, elle n'est pas corrélée à de mauvaises performances. Par ailleurs, le rythme nycthéméral habituel de sécrétion n'est pas respecté. Le niveau de cortisol, au lieu de décroître progressivement au cours de la journée, augmente chez 38 % des sujets. Cette augmentation atteint même 500 % dans certains cas. Il existe en outre une grande variabilité d'un jour à l'autre avec des différences allant jusqu'à 400 %.
Engendrer un « effet gagnant ».
Cortisol et testostérone sont connus pour influencer le comportement. On peut donc imaginer que la persistance de niveaux élevés modifie les prises de position du trader et influe sur la rationalité de ses choix. Une élévation ponctuelle de la testostérone peut engendrer un « effet gagnant », bien décrit chez les sportifs.
En revanche, la persistance de taux importants peut amener à un comportement impulsif, une recherche de sensations fortes et une prise de risques inconsidérée.
Dans un contexte durablement incertain, le maintien de forts taux de cortisol peut diminuer le goût du risque et précipiter un mouvement à la baisse. L'économie mondiale serait-elle gouvernée par les hormones masculines ?
« Proceedings of the National Academy of Sciences », vol. 104, n° 16, pp. 6167-6172.
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