DANS CERTAINES régions boisées du nord des Etats-Unis et du Canada, la protéine prion responsable de la maladie du dépérissement chronique des cervidés (ou CWD pour Chronic Wasting Disease) peut être retrouvée dans la terre, fixé à des particules de glaise. Une équipe américaine vient de démontrer que ces protéines prions restent infectieuses malgré un séjour prolongé en dehors d’un organisme vivant. Les daims et les élans consommant régulièrement de la terre pour compléter leurs apports en minéraux, les chercheurs imaginent que ces animaux pourraient contracter le CWD via les particules de glaise contaminées par le prion. La terre constituerait le réservoir de prions à l’origine des épidémies de CWD.
Cette découverte est particulièrement déconcertante car, même si de nombreuses protéines sont connues pour posséder une grande affinité pour des particules minérales du sol, leur interaction avec ces particules les conduit à changer radicalement de conformation. Si tel était le cas pour la protéine prion, elle perdrait son pouvoir pathogène.
Or Johnson et coll. ont montré que, chez les petits animaux de laboratoire, l’injection de particules de terre contaminée conduit au développement de symptômes similaires à ceux de l’encéphalopathie spongiforme transmissible. Des études visant à évaluer l’efficacité de la contamination par voie orale sont en cours.
Forte affinité pour la montmorillonite.
Les chercheurs ont par ailleurs établi que le prion du CWD possède une très forte affinité pour les particules de montmorillonite. Pour arriver à détacher la protéine pathogène de la glaise, il est nécessaire de faire bouillir le mélange dans un détergent.
Au vu des résultats déjà obtenus, Johnson et coll. insistent sur le fait que les cadavres d’animaux malades doivent systématiquement être éliminés, la contamination du sol par les prions étant certainement favorisée par la décomposition des corps des animaux infectés. Ce type de mesure pourrait limiter la propagation de la maladie. Une étude qui permettra de déterminer pendant combien de temps une protéine prion reste infectieuse lorsque, dans le sol, elle est sur le point de démarrer.
« PLoS Pathogens », édition en ligne du 14 avril 2006.
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