Avec le développement de l’Internet haut débit sur ligne ADSL, la téléphonie est devenue un produit subsidiaire dont la pseudo gratuité est l'un des arguments de vente des services dits triple play (voix, Internet, TV). Cette offre alléchante justifie-t-elle d'abandonner l'opérateur historique ? Est-elle suffisamment fiable pour basculer l'installation d'un cabinet médical dans le monde IP ? Toutes ces questions sont loin d'avoir des réponses claires sur un marché en constante mutation.
Qu’est ce que la VoIP ?
La voix sur Internet (ou voix sur Internet Protocol dite VoIP) consiste à transmettre la parole numérisée sous forme de paquets de données. Dénominateur commun de presque tous les réseaux (ADSL, fibre optique, Wifi, internet par satellite, réseaux de données mobiles GPRS, 3G, 3G+ et demain 4G), le protocole IP permet la mutualisation des infrastructures entre tous les usages – un important facteur d'économie – et fait avancer le principe de la « convergence fixe mobile » qui vise à établir la permanence d'un lien de communication pour chaque individu quel que soit le réseau.
Pour un médecin travaillant seul
Il suffit aujourd’hui de brancher son téléphone sur le modem routeur (la box) de son fournisseur d'accès pour disposer d'une « ligne virtuelle ». Ce dispositif peut largement suffire à un médecin travaillant seul qui renoncera à son abonnement France Télécom s'il veut faire des économies, ou le conservera pour garder, par sécurité, une seconde possibilité de communiquer. S'il dispose d'un débit Internet convenable, il pourra en plus créer plusieurs comptes avec des logiciels de téléphonie (« softphone »*) ou de messageries instantanées à fonction VoIP* pour discuter avec des communautés de confrères utilisant la même solution. À noter qu'un téléphone moderne incorporant le protocole SIP (Siemens Gigaset 450 IP ou Doro ip880 DECT par exemple), raccordé sur la prise du téléphone et sur le modem ADSL, pourra gérer toutes les « lignes » : ligne classique France Télécom, ligne ToIP du FAI Internet et comptes « softphone » créés sur Internet.
Les solutions disponibles pour plusieurs praticiens
Mais la configuration « résidentielle » n'est plus viable dès lors qu'il s'agit d'installer la téléphonie IP dans un cabinet avec plusieurs praticiens et un accueil secrétariat.
- Premier cas de figure : le cabinet possède déjà un petit autocommutateur analogique ou numérique (RNIS) pour gérer et distribuer les appels en interne. Si l'on installe une passerelle IP, on peut transformer tous les appels sortant en communication IP et ne rien changer de l'autocom ni des téléphones disposés sur les bureaux. L'installation pourra conserver la ligne France Télécom pour les appels entrant non IP, les terminaux bancaires et la télétransmission des FSE ainsi que le fax.
- L'étape suivante : basculer toute l'installation dans le monde IP, à l'occasion d'un renouvellement de matériel ou de prestataire. Cette conversion peut se faire de plusieurs façons selon que l'on sous-traite tout ou partie de la gestion de sa téléphonie. Le remplacement pur et simple de l'autocom existant par son homologue IP (un IPBx dans le jargon des spécialistes) est un choix qui exige de bonnes connaissances et un réseau local et informatique mais qui peut se révéler économique puisqu'il existe des solutions quasi gratuites à télécharger sur un PC dédié à cette fonction. Dans ce cas, le fournisseur d'accès ne sert plus qu’à fournir la bande passante et c'est à l'éditeur de la solution logicielle de porter les fonctions de téléphonie (messagerie, sonnerie, etc) et d'interface avec le réseau téléphonique classique. Un produit comme l'IPBx ip500 de Doro a l'avantage d'être prêt à l'emploi et d'accepter deux lignes classiques et deux comptes SIP/VoIP en plus de l'accès ADSL, avec une belle palette de fonctions téléphoniques.
Les solutions proposées par les opérateurs incorporent généralement des services supportés par le réseau (voir tableau) :
- Le boîtier 9pass de NeufCegetel-SFR gère localement des fonctions évoluées d'IPBx (en plus de modem routeur Ethernet/Wifi) mais repose aussi sur un IPCentrex, puissant autocom IP qui centralise de nombreuses applications.
- Orange propose pour sa part plusieurs solutions. La Livebox Pro peut accueillir des options monétique et carte Vitale mais ses fonctions de téléphonie IP sont limitées. La série Business Livebox se décline quand à elle en trois versions : BL 100, « le tout IP avec un accès ADSL » ; BL 500, « migration de la téléphonie analogique sans autocom vers la téléphonie IP » ; BL 1000, « migration d'un autocom existant vers la ToIP ».
- Obox d’Adept Telecom est une passerelle qui gère à la fois la téléphonie, l’Internet et l’informatique du bureau et qui se raccorde sur un réseau de télécommunication analogique, numérique (Numeris) ou IP ADSL.
- D'autres fournisseurs de services gèrent totalement en interne les fonctions d'autocom, y compris le transfert d'appel d'un poste à un autre. Dans ce registre on trouve des opérateurs comme B3G (Completel-Numéricable), Ipnotic Telecom (Global Concept), Annatel, Keyyo ou Dooper qui vendent en direct ou commercialisent leur solution en marque blanche via des revendeurs intégrateurs. Ceux-ci peuvent alors confectionner leurs propres offres en fonction des cibles professionnelles visées. Il convient de s'assurer de la fiabilité des fournisseurs de services et du niveau de leur prestation, en particulier les possibilités de raccorder des fax ou des terminaux de paiement ou de carte Vitale.
Les précautions à prendre
- Fiabiliser son raccordement en conservant la ligne classique ou en optant pour un doublement du lien ADSL avec gestion dynamique.
- Choisir une bonne assistance sur site et/ou une téléassistance avec prise en main à distance de la passerelle.
- Vérifier la disponibilité des fonctions téléphoniques indispensables (mise en attente, alerte de double appel, renvoi et transfert d’appel, ne pas déranger, conférence à trois ou plus, journaux d'appels en ligne, appel direct depuis un répertoire en ligne ou sur PC, envoi ou réception de SMS depuis les PC, messagerie vocale et e-mail (avec fichier son en pièce jointe), transfert d'appel fixes vers les mobiles, etc.) ainsi que les numéros d'urgence.
- Vérifier la possibilité d'utiliser des terminaux de paiement, de carte vitale, de fax, de systèmes de télésurveillance ou de vidéosurveillance.
- Jouer pleinement sur la convergence télécoms/informatique en choisissant un prestataire global et non plus un simple installateur téléphonique.
- Exiger la compatibilité SIP, passeport universel des télécommunications sur Internet permettant de gérer de bout en bout un appel voix, données ou vidéo sur n’importe quel réseau ou terminal répondant à ce protocole.
*Les softphone servent à téléphoner depuis son PC ou un téléphone SIP
Toutes les adresses pour télécharger les softphones (Skype, Wengo, etc..) et les messageries instantanées avec VoIP (Live Messenger, ICQ, etc.) sur la version en ligne du Cahier sur quotimed.com
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