À l’hôpital Foch, qui bénéficie d’une dizaine de salles d’opérations regroupées en un lieu identique et intégrant les activités de dix spécialités chirurgicales pour l’adulte, des techniques opératoires les plus modernes y ont fait irruption. Elles vont de la neuronavigation pour une aide à la localisation préopératoire des lésions à opérer à l’utilisation régulière de la cœlioscopie en chirurgie urologique, digestive et gynécologique. En passant par la vidéochirurgie, exploitée en chirurgie thoracique ainsi que celle dite à « cœur battant » utilisée pour réaliser des pontages coronaires sans nécessiter la dérivation habituelle du sang hors de l’organisme.
Espace de plus en plus complexe et donc potentiellement à risque pour le patient, le bloc opératoire doit être géré efficacement. Une telle nécessité pousse progressivement les établissements de soins à informatiser non seulement le geste du praticien, mais à mettre à la disposition des multiples acteurs de cet environnement des outils de gestion complète : planification des rendez-vous, suivi du matériel, etc. Face à ce besoin, s’est formalisée une offre relativement riche et permettant d’assister les professionnels de santé au sein même de leur plateau technique.
CH de Versailles
Sur le terrain, les choix s’opèrent en fonction des attentes et des exigences des uns et des autres. Ainsi, le centre hospitalier général de Versailles, qui a été progressivement confronté à la nécessité d’améliorer l’organisation et la prise en charge du processus d’intervention chirurgicale, a décidé de se lancer dans l’informatisation de son bloc. Après une analyse de ses besoins, il avait retenu le logiciel Opera. Au-delà de la visée générale confinée derrière l’intégration de cet outil, l’établissement hospitalier voulait supprimer la multitude de documents papiers remplis à la main et dédiés au bloc, limiter au maximum les multiples appels téléphoniques entre cet espace critique et les autres services, parmi lesquels les unités de soins. À cette fin, Opera devait également s’intégrer dans le système d’information hospitalier du groupe au cœur duquel se positionne le dossier médical Alizé.
Inscrite dans le temps, l’intégration du progiciel Opera, une première du genre alors en France, avait démarré par la constitution d’un groupe de projet fonctionnel composé de chirurgiens, de cadres de blocs et de consultation et d’un chef de projet informatique. Après paramétrage de l’outil et son interfaçage avec le dossier médical à travers le standard HL7, le déploiement a été réalisé en consultation de chirurgie, au sein du bloc opératoire, en salles d’opérations et de réveil. La solution mise en place permet une visualisation du déroulé du programme d’opération en temps réel par les infirmières, à partir du dossier médical, en l’occurrence le module Alizé unité de soins. Plus généralement, Opera permet de programmer en temps réel une consultation de chirurgie. Et une planification du bloc opératoire. Le programme opératoire obtenu est diffusé dans les différents services d’hospitalisation. Les échanges de données relatifs aux dispositifs médicaux implantés (DMI) y sont également réalisés. Enfin, Opera a également introduit un suivi optimisé de la consommation et de la traçabilité de ces outils au bloc. En définitive, cet outil a introduit une aide à la programmation, une optimisation des flux des patients dans le bloc opératoire, une gestion de la traçabilité, sans oublier une amélioration de la qualité des données et la production de tableaux de bord.
CHRU de Montpellier
D’autres solutions d’informatisation des blocs ont également rencontré du succès sur le terrain. Au CHRU de Montpellier, le système QBloc a remplacé Pasteur Bloc, ce dernier étant devenu obsolète. Sa vocation, faciliter la planification des salles d’opération, la saisie en peropératoire des paramètres de l’opération (équipe, actes, intervention pratiquée, matériel utilisé). Il constitue également un support de génération automatique de comptes-rendus. En fait, cet outil permet d’optimiser un ensemble constitué de plusieurs blocs par discipline et plus d’une cinquantaine de salles d’intervention. Le tout géré par plus de 700 personnes. La mise en production de cette plate-forme a entraîné une réorganisation des processus de gestion au sein des blocs. Historiquement déployé sur un site pilote, en l’occurrence la gynécologie-obstétrique, cette solution a introduit une planification des plages opératoires, la programmation des interventions, la supervision du bloc, l’enregistrement du déroulement des interventions et la régulation opérationnelle. L’une des avancées majeures de cette solution pour le chirurgien, l’abandon de l’agenda papier. En phase de consultation, le praticien visualise les plages de disponibilité sur le logiciel QBloc, remplit une fiche de programmation émaillée de la date de l’intervention, du libellé de celle-ci, des rendez-vous d’examen et d’anesthésie, etc. L’ensemble de ces informations est transmis au chargé de la programmation qui gère les interventions chirurgicales. Sans s’attarder sur le processus entier mis en place, force est de constater que l’informatisation a totalement modifié les pratiques au sein des blocs du CHRU de Montpellier. Avec en prime, de véritables atouts nouveaux : une organisation optimisée, des informations partagées, des circuits simplifiés, une meilleure exploitation des ressources, le tout contribuant à une amélioration de la prise en charge du patient.
CH de Saint-Brieuc et Morlaix
En Bretagne, les CH de Saint-Brieuc et de Morlaix ont décidé d’unir leurs forces pour informatiser les processus de stérilisation et d’intervention au sein de leurs blocs. Avant l’informatisation, la traçabilité était manuelle. Et s’appuyait sur du support papier. Le suivi de la stérilisation passait par l’utilisation de cahiers d’enregistrement et des étiquettes manuelles ; quant aux blocs opératoires, ils bénéficiaient de cahiers de salle, d’une fiche écologique et d’un logiciel de bloc avec saisie. Le choix d’intégrer une solution informatisée était motivé par la volonté des deux établissements de respecter les exigences de conformité. Après analyse des offres, la solution Traceur de la société ATMB a été retenue du fait de sa capacité à intégrer nativement la partie bloc opératoire et son coût relativement abordable. À l’instar des autres établissements, les deux CH engagés dans ce projet ont pu basculer leurs blocs opératoires dans un nouvel univers marqué par des processus optimisés. Certaines contraintes devaient être respectées, parmi lesquelles celles de dimension organisationnelle illustrées par la formalisation de protocoles, l’étiquetage des équipements à tracer, etc.
CH de Belfort-Montbéliard
En Franche-Comté, l’informatisation des blocs opératoires passe entre autres par l’intégration de multiples outils, parmi lesquels le concentrateur USB iBus, de l’éditeur américain Cerner. Cet outil permet l’alimentation automatique du système d’information clinique Millenium par les appareils médicaux reliés au patient. Cette solution a été implantée pour la première fois en Europe au sein du centre hospitalier de Belfort-Montbéliard (CHBM). Elle permet aux infirmières de gagner 30 % de leur temps du fait des économies de ressaisies des informations. D’autres hôpitaux de la région devraient adopter cet outil progressivement, dans le cadre du projet Isys (Informatisation du système de soins).
Établissements privés
Du côté des établissements privés, l’informatisation des blocs est également une réalité. Sur ce segment de la santé, un acteur trouve un écho important : Medibase et sa solution Osoft. Il s’agit d’un SIH assorti du module de gestion du bloc opératoire, qui échange avec le système de prise en charge des patients (SPCP) et celui de Placement. SPCP produit des données nécessaires à l’attribution des ressources techniques du bloc aux patients. Ces différents systèmes regroupent l’ensemble des fonctions nécessaires à la prise en charge des personnes à opérer. Grâce à une interface intuitive facilitant l’affectation des patients, Osoft Bloc propose aux praticiens des fonctions multiples : « Notre outil permet une gestion de stocks réalisée au niveau du bloc, avec à la clé, une utilisation généralisée des codes-barres facilitant l’identification du matériel et la commande automatisée des approvisionnements. Enfin, Osoft propose une rédaction automatisée des comptes-rendus du bloc, le relevé des DMI utilisés, la durée d’occupation des salles, etc. Il permet surtout de prendre en compte l’anesthésiste et la vision événementielle du bloc, deux des enjeux importants de cet environnement », soutient Djavad Djavahery, président directeur général. En France, l’éditeur compte par ses références des établissements comme la clinique de Saint-Cône à Compiègne, utilisatrice de la solution de planification et de gestion des blocs de Medibase depuis un an. À Osny (95), la clinique Sainte-Marie exploite l’offre de l’éditeur pour la planification et le suivi des DMI, depuis trois ans. Enfin, la clinique du Parc à Lyon a préféré s’appuyer sur le module de planification de cet éditeur.
Comment boucler ce panorama sans aborder la place de l’application TraceBLOC, historiquement développée par le CH de Roubaix et revendue à l’éditeur Accxs. Ce système est destiné à l’optimisation de la performance d’un bloc, au même titre que les autres offres d’un marché désormais devenu mature.
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