Jacques Delors a été contrarié par le choix de Valéry Giscard d'Estaing pour diriger les travaux de la convention européenne. On ne lui a même pas demandé si le poste l'intéressait.
L'ancien président réunit néanmoins tous les critères de compétence requis. Mais sa tâche ne sera pas aisée. Il s'agit en effet, pour les Européens, de définir leur destin. Et comme sont représentés au sein de l'assemblée présidée par M. Giscard d'Estaing les pays de l'Union et ceux qui n'y sont pas encore, les projets et les modèles vont s'entrechoquer dans un joli tumulte.
Personne ne semble vouloir poser la vraie question : l'UE doit-elle être élargie dans les délais qu'elle s'est assignés, ou souffler un peu avant de laisser adhérer de nouveaux Etats ? La sagesse commanderait de mettre de l'ordre dans les affaires européennes, de savoir où va l'Europe, vers quel système, confédéral, fédéral, zone de libre échange, d'attribuer les pouvoirs (ceux du Parlement, ceux de la Commission, faut-il élire un président européen ? La Commission doit-elle se transformer en gouvernement responsable devant les élus ?) avant d'inclure dans l'Union les Etats qui frappent à sa porte frénétiquement.
Vote à la majorité relative, droit de veto, défense européenne, politique agricole commune, harmonisation des protections sociales, les sujets ne manquent pas. Aucun de ces problèmes n'est résolu. Or la mise en circulation de l'euro a démontré qu'elle ne suffisait pas pour conférer à la monnaie unique la valeur qu'elle mérite. Il est donc indispensable de créer un modèle économique et social qui rendrait caducs les systèmes nationaux et ferait vivre tous les citoyens européens au même rythme.
Si un tel système est adopté, l'UE sera capable de prendre des mesures et de les appliquer à ses quinze membres. Elle pourra intégrer de nouveaux membres en exigeant d'eux qu'ils calquent leur système sur le modèle européen. Car le vrai problème de l'Union, c'est son inexistence politique, cent fois prouvée ces dernières années dans des conflits où les Européens ont été à la traîne des Américains.
Il est vrai que la magie de l'axe franco-allemand a disparu. Il est vrai que Gerhard Schröder et Lionel Jospin n'ont pas les atomes crochus qui liaient Mitterrand et Kohl. M. Giscard d'Estaing ne cache pas qu'il peut échouer.
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