LES CORONAROPATHIES sont en augmentation, en partie du fait du vieillissement de la population. Les femmes représentent une proportion d'environ 25 % à 30 % de l'activité coronarographique pour maladie coronaire. Globalement, elles sont donc moins représentées que les hommes. En fait, elles sont protégées de cette pathologie cardio-vasculaire jusqu'à la ménopause et déclarent donc la maladie plus tard, vers l'âge de 65-70 ans, voire plus. Ce qui explique la moindre fréquence de maladie coronaire et un âge plus élevé du diagnostic par rapport aux hommes. En revanche, au-delà de 75 ans, le risque coronaire est similaire dans les deux sexes : les femmes sont pratiquement autant touchées que les hommes.
Une maladie sous-diagnostiquée.
Dans la maladie coronaire, il existe une vraie spécificité des femmes. L'infarctus du myocarde est souvent sous-diagnostiqué, et par conséquent sous-traité, notamment chez la femme jeune. En effet, quelques femmes présentent très tôt une authentique maladie coronaire, probablement parce qu'elles fument de plus en plus et de plus en plus jeunes. Le tabac est présent dans 95 % des cas, comme chez les hommes jeunes ; souvent la contraception orale y est associée.
La symptomatologie de ces femmes est volontiers atypique. Elles présentent des symptômes plutôt digestifs et leurs douleurs sont moins caractéristiques que celles des hommes. De ce fait, le diagnostic d'infarctus est porté très tardivement. Un grand nombre de pathologies digestives (ulcère gastro-duodénal, pancréatite etcc.) ont dû être éliminées avant qu'un ECG ait été réalisé ! Or, un infarctus a besoin d'être diagnostiqué tôt et une revascularisation tardive expose à d'importantes séquelles. En dehors de l'infarctus, ces symptômes sont tellement atypiques que les diagnostics à la coronarographie sont plus fréquents chez les femmes que chez les hommes. Et les examens complémentaires sont également moins parlants ! C'est le cas de l'épreuve d'effort, et même de la scintigraphie cardiaque. Pour cette dernière en effet, la présence des seins entraîne une atténuation des signes. Il en résulte plus de faux positifs chez les femmes que chez les hommes.
Une surmortalité féminine.
En termes de traitement, plusieurs études ont décrit une surmortalité chez la femme, qu'il s'agisse d'angioplastie coronaire ou de chirurgie cardiaque. En fait, le sexe est rarement un paramètre indépendant et cette surmortalité est souvent liée à l'âge et à la comorbidité associée. En effet, la mortalité opératoire des femmes est plus élevée que celle des hommes en chirurgie cardiaque et un petit peu plus élevée en angioplastie. Mais il ne faut pas oublier qu'elles sont en moyenne diagnostiquées et traitées plus tard dans leur vie.
Pas de prise en charge spécifique.
Dans les deux sexes, la maladie coronaire est de mieux en mieux prise en charge, ce qui contribue à l'augmentation d'espérance de vie des Français. La prévention doit être une grande priorité parce que cette pathologie reste extrêmement fréquente et consiste en l'arrêt du tabac, la pratique régulière d'un exercice physique, la correction d'une dyslipidémie, le traitement d'un diabète. Les traitements médicamenteux sont les mêmes pour les hommes que pour les femmes, rapportés au poids. Il n'y a aucune spécificité féminine dans ce domaine. L'angioplastie et la chirurgie coronaire sont pratiquées de la même manière dans les deux sexes. A souligner que l'angioplastie coronaire notamment a fait des progrès extraordinaires dans les dix dernières années avec les stents actifs qui permettent la prévention de la resténose.
Quand au traitement hormonal substitutif de la ménopause, deux études récentes ont montré qu'il entraînait une augmentation du risque cardio-vasculaire. Ajoutés à l'augmentation du risque du cancer du sein, ces résultats ont contribué au grand recul actuel de ce type de traitement.
D'après un entretien avec le Dr Marie-Claude Morice, cardiologue interventionnelle, institut Jacques Cartier, Massy
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