DE NOTRE CORRESPONDANTE
L'AMBROISIE, la plus « mauvaise » herbe de la région Rhône-Alpes, est sans doute bien la seule à ne pas avoir souffert de la canicule. Il s'agissait même de l'unique « plante verte » observée durant la chaleur et la sécheresse de cet été, souligne le Dr Chantal Déchamp. La présidente de l'Afeda (Association française de l'étude des ambroisies), qui a tenu récemment son 15e colloque à Lyon, fonde son observation sur des relevés originaux effectués par satellite. Les conditions météorologiques exceptionnelles ont d'ailleurs facilité la réalisation de ce travail de télédétection, conduit en partenariat avec l'université Paul-Sabatier de Toulouse et le Cnrs.
La faisabilité d'un repérage par satellite avait déjà été démontrée en 2001 par un premier repérage et une étude conduite en laboratoire, afin de déterminer le spectre de réflectance de cette mauvaise herbe. Cette fois-ci, la télédétection, mise en application sur une zone plus grande de l'Est lyonnais, a permis d'identifier 90 km2 d'ambroisie sur les 3 600 explorés. Sur la photo obtenue, les zones infestées représentent 2 % de l'image : elles apparaissent en blanc à côté du maïs, du tournesol, des chaumes et des forêts, identifiées par des couleurs différentes. Ces résultats confirment la possibilité de détecter de grandes surfaces d'ambroisie par satellite. Mise en œuvre avant la floraison de la plante, cette méthode permettrait d'avertir rapidement les collectivités locales responsables de sa destruction.
En Rhône-Alpes, plus de 6 % de la population est touchée par l'allergie à l'ambroisie : celle-ci entraîne un surcoût médicamenteux de 500 000 euros chaque année, sans compter les sommes engagées au travers des consultations, des désensibilisations et des arrêts de travail. La situation est telle que l'observatoire du médicament de Rhône-Alpes* évalue chaque année, depuis 2001, l'impact de cette allergie. Dans la région, les collectivités locales et territoriales font preuve d'un intérêt croissant pour la lutte contre l'ambroisie.
La région doit s'engager.
Mais pour gagner en efficacité, cette lutte devrait passer à un niveau supérieur. En 2001, le Conseil supérieur d'hygiène publique de France avait d'ailleurs émis des recommandations en ce sens, souhaitant qu'une cartographie des zones les plus touchées soit réalisée. C'est justement ce qu'offre aujourd'hui la télédétection, même s'il est nécessaire d'en améliorer la qualité, puisque les surfaces inférieures à 400 m2 restent indétectables. Alors que l'observation par satellite permettrait à la fois une détection précoce des champs d'ambroisie et une surveillance de la propagation de la plante, désormais repérée en Languedoc-Roussillon, Auvergne, Bourgogne et même en Franche-Comté.
Le conseil régional de Rhône-Alpes, principal intéressé dans cette affaire, reste paradoxalement le grand absent de la scène politique. Le coût d'une image de 3 600 km2 ne représente pourtant que 1 500 euros, une somme dérisoire comparée à celle qui est engagée, sur ce volet spécifique, par l'assurance-maladie. Les périodes préélectorales ne seraient-elles donc plus propices aux engagements ?
* Entité de l'Urcam Rhône-Alpes.
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