Epilepsies

La surmortalité des patients

Publié le 03/05/2006
Article réservé aux abonnés

LES PERSONNES atteintes d’épilepsie – qu’elle soit chronique ou récemment diagnostiquée – présentent un risque majoré de décès. Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe du Dr Rajiv Mohanraj (Glasgow) a analysé la mortalité dans une population de 890 personnes récemment diagnostiquées comme épileptiques et 2 689 personnes souffrant d’épilepsie chronique, sur une période de vingt ans, entre 1981 et 2001, puis elle a comparé les chiffres à ceux de témoins appariés du même âge.

Dans le premier groupe, l’âge moyen de découverte de l’épilepsie était de 29 ans contre 17 dans le deuxième. Au total, 13 % des sujets récemment diagnostiqués souffraient d’épilepsie idiopathique (contre 8 % dans le groupe des patients chroniques), 30 % d’épilepsie symptomatique (contre 27 %), 40 % d’épilepsie cryptogénique (contre 27 %) et 17 % d’une forme non classifiée (contre 29 %).

Les patients ont été suivis en moyenne pendant 84 mois dans le premier groupe, contre 108 dans le deuxième. Sur les 890 patients nouvellement diagnostiqués, 462 (52 %) n’avaient pas, grâce au traitement, présenté de crises depuis une année, alors que 318 étaient considérés comme non répondeurs et que l’effet du traitement n’avait pas été précisé pour les 110 autres. Les patients de la cohorte « épilepsie chronique » étaient traités par un à trois antiépileptiques et, en dépit de cette prise en charge, ils présentaient régulièrement des épisodes.

La maladie était mal contrôlée.

Un total de 409 décès a été rapporté dans l’ensemble des deux populations : 93 dans le premier groupe (contre 65 chez les témoins) et 316 dans le deuxième (contre 154 chez les témoins). Chez les sujets récemment diagnostiqués, la majorité des décès est survenue lorsque la maladie était mal contrôlée (42 décès sur 318 patients) et chez des patients présentant une forme symptomatique (25 % de décès dix années après le diagnostic, contre moins de 10 % dans les autres sous-groupes). Chez les épileptiques chroniques, seuls ceux atteints d’une forme idiopathique et les plus de 60 ans ne présentaient pas un taux de décès majoré par rapport aux témoins.

Dans le premier groupe, l’excès de mortalité a été rapporté à des causes respiratoires, cérébro-vasculaires ou accidentelles survenant de façon probable au décours d’une crise d’épilepsie. Une quinzaine de décès étaient par ailleurs directement en rapport avec la maladie neurologique : mort subite, état de mal épileptique ou effets secondaires de médicaments.

Dans le deuxième groupe, les décès sont survenus en majorité chez des sujets souffrant d’épilepsie symptomatique et 55 de ces décès ont été classés comme mort subite d’origine neurologique.

Pour les auteurs, «un monitorage nocturne des patients souffrant de crises convulsives à répétition, en dépit d’un traitement bien conduit, pourrait permettre de prévenir des décès directement ou indirectement en rapport avec la maladie neurologique».

« The Lancet Neurology », édition avancée en ligne.

> Dr ISABELLE CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7953