BAYREUTH, le temple rêvé, voulu et construit par Richard Wagner pour y jouer son œuvre et lui seul ! La famille Wagner continue d'y régner sans partage et de s'entre-déchirer à l'instar des dieux dans « l'Or du Rhin ». Après avoir connu un formidable dépoussiérage en 1976 lorsque Chéreau et Boulez y montèrent le « Ring du centenaire » et que dans la foulée eurent lieu quelques expériences dignes d'intérêt, le niveau théâtral est retombé et vogue entre aberrations et antiquité.
Le niveau musical est toujours au sommet de ce qu'offre le marché des voix wagnériennes. Pour y aller, c'est une autre affaire ! Se munir de patience car il faut mériter de rester dix ans sur une liste d'attente ! Quand on y est arrivé, moyennant un confort très militaire, c'est un superbe théâtre à l'acoustique unique au monde.
A Bayreuth, le patron s'appelle toujours Wagner ! Wolfgang Wagner, 84 ans, fils de Siegfried, petit-fils de Richard, régnant en autocrate sur les festivals depuis la réouverture après la guerre en 1951 et secondé par sa deuxième épouse et ancienne secrétaire Gudrun Mack. En dessous de lui, la très abondante quatrième génération (douze enfants) piaffe et attend son tour. Pas tous les douze, mais au moins trois : Eva, Nike et Gottfried. Ce dernier est déjà banni pour avoir craché dans la soupe familiale, notamment dans son livre « Celui qui ne hurle pas avec les loups ». Nike, fille de Wieland Wagner, est jugée inadéquate et Eva Wagner-Pasquier semble la mieux placée avec son expérience professionnelle très complète dans les milieux artistiques (Bayreuth, Unitel, Covent Garden, Opéra-Bastille, Aix).
Cependant, Wolfgang ne veut pas céder la place et annonce aujourd'hui des projets jusqu'en 2007, comme de confier « Tristan » au sulfureux Christoph Marthaler en 2005 et le dernier, qui fait dresser les cheveux sur la tête, qui est de donner la « Tétralogie » au cinéaste danois Lars von Triers. On ne renouvelle pas un miracle comme la « Tétralogie » de Boulez et Chéreau (1976) plus d'une fois dans une carrière !
Après le dernier rebondissement que fut la nomination d'Eva Wagner-Pasquier, laquelle, ne voyant aucune échéance venir, ni de date de succession indiquée, avait fini par baisser les bras et y renoncer, on annonce que Katharina Wagner, 25 ans, fille du second lit de Wolfgang, serait la favorite à la succession du patron. Pour preuve, « les Maîtres chanteurs de Nuremberg », dont la mise en scène lui est confiée pour 2007, alors qu'elle n'a que peu d'expérience de la scène lyrique. Patron à vie statutairement d'une entreprise qui appartient néanmoins à une fondation Richard Wagner, Wolfgang Wagner entend bien le rester !
Festival de Bayreuth 2004 du 25 juillet au 28 août. Renseignements et réservations : 00.49.0921.78.78.0 et www.bayreuther-festspiele.de. « Parsifal » (nouvelle production) Boulez/Schlingensief ; « Tannhaüser » Thielemann/Arlaud ; « l'Anneau du Nibelung » A. Fischer/Flimm ; « le Vaisseau fantôme » M. Albrecht/Guth.
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