George W. Bush a dit à ses conseillers que, s'il s'agit de saupoudrer des missiles Tomahawk sur Kaboul pour remuer de la poussière, il n'est pas intéressé par une attaque contre l'Afghanistan.
Le déploiement des forces américaines en Orient se déroule dans un très grand secret. On est loin des images spectaculaires de la guerre du Golfe et de la désinformation à laquelle elle a donné lieu. La presse est tenue à l'écart et ne cache pas sa déconvenue. Tout semble indiquer que M. Bush passera outre les récriminations et les doléances. Il exige des résultats et ne les annoncera que lorsqu'ils seront quantifiables.
On ne sait pratiquement rien de ce que préparent les Américains et certains de leurs alliés. On a appris que des commandos spéciaux, les SAS britanniques, seraient déjà à l'œuvre en Afghanistan. Le Kazakhstan a accepté d'ouvrir son territoire aux forces américaines, ce qui n'est pas négligeable. C'est un pays immense où les Etats-Unis peuvent installer une base importante à partir de laquelle une invasion de l'Afghanistan deviendrait possible. Le Kazakhstan a déjà collaboré avec les Etats-Unis, auxquels il a confié la destruction de toutes ses ogives nucléaires, opération qui a été menée promptement et rapidement il y a quelques années, et dans le plus grand secret, et a supprimé un danger terroriste contre lequel, hélas, la Russie n'est pas immunisée. Ce pays a une frontière commune avec le Tadjikistan, qui est l'antichambre de l'Afghanistan.
Faut-il aller à Kaboul ?
La vraie question est la suivante : faut-il que les Américains (et leurs alliés) aillent à Kaboul ? En refusant de leur livrer Ossama bin Laden, puis en lui demandant de partir de son plein gré, puis en déclarant qu'ils ne savaient plus où il était, les mollahs ont aggravé leur cas. Ils n'ont pas voulu céder, comme on pouvait s'y attendre ; mais en résistant, en appelant à la guerre sainte et en mobilisant 300 000 hommes, ils ont clairement choisi la guerre.
Toutefois, les Américains ne peuvent ignorer que Bin Laden est insaisissable et qu'il a dû quitter l'Afghanistan ; s'ils lançaient une campagne militaire contre le régime de Kaboul, leurs pertes seraient impressionnantes à cause de la configuration du terrain et du fanatisme des taliban, combattants à prendre au sérieux. Enfin, le lien entre les taliban et les réseaux terroristes reste à prouver.
Pour juger l'action militaire américaine, il manque de nombreux paramètres couverts par le secret. Ce qui apparaît clairement, c'est une coalition de la modération qui englobe tous les Etats arabes et musulmans, avec à leur tête l'Egyptien Hosni Moubarak, qui a toujours traité le terrorisme avec une très grande vigueur, mais réclame des preuves de la culpabilité de Bin Laden et s'inquiète des conséquences géopolitiques d'une offensive américaine ou occidentale contre un ou plusieurs pays musulmans. Cependant, les conseils auxquels M. Bush prêtera une oreille attentive ne seront pas ceux qui se résumeront à une proposition simple, celle de ne rien faire. Bien que le régime des mollahs ait cent fois mérité de disparaître, personne n'est enthousiasmé par la perspective d'un conflit dans un pays réputé pour sa férocité. Il se trouve simplement que M. Bush est condamné à agir par son opinion publique. On veut seulement espérer qu'il ne s'aventurera qu'à coup sûr et pour une période très brève.
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