DE 350 000 en 1990, le nombre des interventions orthopédiques utilisant des tissus de donneurs (tendons, ménisques, cotyles fémoraux, utilisés en chirurgie du genou chez des sujets ayant souffert d'accidents sportifs en général) est passé à 875 000 en 2001 aux Etats-Unis. Après la mort en 2001 d'un jeune receveur de 23 ans des suites d'une infection généralisée à Clostridium sordellii (une bactérie présente à l'état normal dans les selles), les autorités sanitaires américaines se sont inquiétées du danger d'infection lié à ce type de greffe.
La technique de conservation des greffons, qui ne sont pas, à l'heure actuelle, systématiquement stérilisés, pourrait en effet contribuer à la transmission de virus (hépatite B, hépatite C ou VIH) ou de bactéries (entérocoques ou bactéries gram négatif).
Afin de mieux préciser l'incidence des infections à Clostridium sordellii, une étude a été mise en place auprès de l'ensemble des patients opérés entre le 1er janvier 1998 et le 1er mars 2002. Pour que l'infection soit reconnue en rapport avec la greffe, il était nécessaire de retrouver des signes cliniques dans la région greffée et d'identifier la bactérie soit dans le sang, soit au sein d'un prélèvement synovial.
Quatorze cas d'infection.
Au total, 14 cas ont été rapportés avec des prélèvements issus de 9 donneurs distincts. En moyenne, le délai entre la mort du donneur et la congélation du tissu était de 5,9 heures, mais 4 prélèvements ont été greffés sans congélation préalable (des condyles fémoraux). Parmi les tissus greffés pouvant être à l'origine d'infection les auteurs ont retrouvé 9 ligaments hémipatellaires utilisés pour la reconstruction d'un ligament croisé antérieur lésé, 4 condyles fémoraux et un ménisque. Les auteurs ont aussi analysé en tirant au sort des prélèvements conservés dans 4 banques distinctes situées sur le territoire américain. Le taux d'infection moyen était de 0,12 pour l'ensemble des tissus étudiés, de 0,09 pour les tendons, de 0,15 pour les ménisques et de 0,36 pour les condyles fémoraux.
En se fondant sur ces données les auteurs proposent la mise en place de procédés de stérilisation par irradiation bêta ou par stérilisation à froid pour les nouveaux prélèvements effectués sur donneurs. Les autres méthodes de stérilisation, telles que l'irradiation gamma ou l'utilisation d'oxyde d'éthylène, ne permettent pas de garantir le bon fonctionnement mécanique des tissus stérilisés.
Les auteurs signalent enfin que cette étude sous-estime vraisemblablement l'incidence des infections cliniques, puisqu'il est probable que certaines infections n'aient pas été répertoriées (patients ne retournant pas voir le même chirurgien, ablation rapide de la greffe) et que le taux de faux négatifs pour ce type de pathologies est d'environ 40 %.
« New England Journal of Medicine », 350 ; 25, pp. 2564-2571, 17 juin 2004.
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