LES ALCOOLIQUES anonymes (AA), qui célèbrent leur 47e anniversaire, se réuniront à Pau, les 10 et 11 novembre, pour leur congrès annuel, sur le thème : « Programme d'action et spiritualité »*. Le choix de l'aspiration vers l'immatériel ne signifie nullement que l'association a une coloration confessionnelle. Le mouvement d'aide aux alcooliques, qui n'a pas non plus de vitrine médico-sociale – il ne donne pas d'avis médicaux, n'offre ni gîte, ni travail, ni argent –, ne retient du mot religion que son sens étymologique, «relier, rassembler».
En France, où il s'est implanté grâce aux articles de Joseph Kessel parus dans « France-Soir » en juillet-août 1960, AA compte 11 000 membres et 550 groupes locaux. Dans le monde, tout a commencé en 1935 avec un agent de change de New York et un chirurgien de l'Ohio, le Dr Bob S., décidés à emprunter le chemin qui monte vers la sobriété. Aujourd'hui, on recense quelque 100 000 groupes d'Alcooliques anonymes dans 150 pays, soit 2,1 millions de femmes et d'hommes rendus malades par les boissons alcooliques.
Car boire jusqu'à ne plus savoir comment faire pour s'arrêter constitue bien une maladie, comme le reconnaît l'Organisation mondiale de la santé. Le buveur est affecté dans son corps aussi bien que dans son esprit et dans ses émotions. D'où l'accent mis sur la spiritualité dans les programmes d'entraide d'AA.
Douze étapes.
«S'il veut demeurer sobre, le buveur a besoin d'un esprit sain et d'émotions équilibrées.» AA le convie à «mettre de l'ordre dans sa façon confuse de penser et à se défaire de ses sentiments malheureux», en suivant un parcours de rétablissement en «douze étapes». Chacune d'entre elles «suggère des idées et des actions qui peuvent» conduire «vers une vie heureuse et utile». Etape n° 2, «nous croyons en une puissance supérieure qui pourrait nous rendre la raison». Etape n° 3, «nous avons décidé de confier notre volonté et notre vie aux soins de dieu, tel que nous le concevons». «Ça peut être l'autobus qui nous amène à la réunion du groupe AA», dit au « Quotidien » l'un des bénévoles. Sur le chemin qui monte vers la reconstruction d'une femme ou d'un homme défait, l'alcoolique repenti devenu sobre, qui apparaît comme un point de mire, offre, au jour le jour, son épaule et sa sympathie au nouveau venu. Et point de promesses inconsidérées, il s'agit d'apprendre à ne plus boire dans l'instant présent. L'abstinence est une conquête à petits pas.
Un AA s'avoue pour toujours «alcoolique». Même sobre depuis des années, il n'affirme jamais : «Je suis guéri.» Dans chaque groupe AA, les gens se rassemblent en général une ou deux fois par semaine, dans une réunion «fermée», entre alcooliques, ou «ouverte», à laquelle participent parents, amis ou proches. «Que vous deveniez ou non alcoolique, l'alcoolisme peut quand même avoir un impact sur votre propre vie», souligne l'association, qui anime également des groupes familiaux, AL-ANON, et, pour les adolescents de parents buveurs, ALATEEN. Enfin, AA fait montre d'un grand dénuement quant à sa gestion, puisque le mouvement n'a recours à aucun financement extérieur, ni à des cotisations. Il se contente de procéder à une collecte, lors de ses rencontres hebdomadaires. Sobriété, solidarité, spiritualité sont ses mots-clés.
* www.aacongrespau2007.com/index.html, tél. 01.48.06.43.68.
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