DE NOTRE CORRESPONDANTE
LA SOUFFRANCE psychique. Un thème qui peut surprendre quand on sait que, sur ce sujet, la région Midi-Pyrénées se situe exactement dans la moyenne nationale. C'est le cas notamment en ce qui concerne la surconsommation de psychotropes par les personnes âgées, la consommation par près d'un adolescent sur deux de ces médicaments pour lutter contre le stress, et le recours plus fréquent aux anxiolytiques et/ou hypnotiques parmi les populations précarisées. «Justement, Midi-Pyrénées peut s'apparenter à un minilaboratoire national concernant ces aspects», explique Ramiro Perreira, le directeur de la Drass, organisateur de la journée. «Il ne s'agit pas toujours de souligner des dysfonctionnements, estime le Pr Alain Grand, président de la conférence régionale de santé. Nous pouvons aussi faire école sur certains thèmes. C'est le cas concernant la prise en charge des personnes âgées et le vieillissement. Un aspect sur lequel notre région détient une longue tradition de recherche et d'études.»
Les aspects de la surmédicalisation et de l'écoute des personnes en souffrance ont été abordés en première partie de journée, puis les débats de l'après-midi ont été consacrés à la souffrance au travail.
Du temps pour l'écoute.
Temps fort de la rencontre : le rôle du médecin généraliste, en première ligne dans la prise en charge de la souffrance. Bernard Bros, représentant des libéraux, a rappelé que «la première chose que demandent des patients, c'est l'écoute. Or pour les aider à verbaliser leurs souffrances, il faut du temps, ce qui manque cruellement aux généralistes». Les risques de surmédicalisation sont donc réels, d'autant que la population a de son côté tendance à banaliser les médicaments. Parmi les pistes d'amélioration évoquées pour contrer cette dérive, Bernard Bros a rappelé que «le généraliste doit être un témoin, une alerte qui informe le patient, y compris en lui donnant des conseils de mode de vie». Il a également insisté sur les difficultés liées au manque de temps et de formation spécifique des généralistes en la matière, malgré l'apparition de quelques groupes d'analyse de pratiques.
Autre piste évoquée : celle, à privilégier, du travail en réseau avec des psychiatres et des associations, car le généraliste travaille bien souvent de façon trop isolée.
De son côté, la Sécurité sociale a mis en place depuis 2005 des outils spécifiques pour sensibiliser les médecins au risque de surmédication. «Nous passons de payeurs aveugles à payeurs avisés», a résumé le Dr Jean-François Hurstel, médecin à la direction régionale du service médical. Le constat était simple, d'une part, une consommation élevée de psychotropes et, d'autre part, la nécessité d'améliorer la qualité des soins en respectant l'accord conventionnel (qui prévoit un infléchissement de 10 % des dépenses prévisibles).
Dix mille échanges confraternels ont déjà été organisés dans toute la France, dont 600 en Midi-Pyrénées, sous forme d'entretiens téléphoniques et de visites académiques. «Nous avons ciblé les praticiens ayant le plus fort pourcentage de patients hors affection de longue durée sous anxiolytique et hypnotique», explique Jean-François Hurstel. Le principal message délivré était le suivant : bien évaluer l'opportunité de l'instauration d'un traitement et privilégier d'emblée une durée courte. «A la fin de 2006, le bilan de ces entretiens confraternels reste mitigé dans la région, avec une baisse de 0,3% du nombre de boîtes de médicaments délivrées, loin de l'objectif conventionnel», reconnaît le Dr Hurstel.
Le Pr Alain Grand s'est déclaré globalement satisfait de cette première journée de rencontre citoyenne, mais il a tout de même regretté «la faible participation des particuliers». Il a également souhaité qu'à l'avenir «les médecins libéraux, interlocuteurs privilégiés, soient davantage impliqués dans la démarche», envisageant pour cela d'établir avec eux un partenariat. Parmi les objectifs évoqués pour 2007, il souhaite «remobiliser les collèges constitutifs, afin que chacun soit responsabilisé sur sa priorité, et, si possible, dynamiser les différents territoires régionaux pour les thèmes à venir». A suivre.
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