Décision Santé. Qu’avez-vous pensé des écrits de Jean-Loup Durousset sur les médecins libéraux ?
Dr Jean-Luc Baron. Les propos de Jean-Loup Durousset n’engagent que lui, et non la FHP. Mais il est vrai que les honoraires sont un problème pour les cliniques, puisque nous sommes en concurrence avec le public, qui accroît son activité. Nous pouvons combattre le public en demandant aux médecins de respecter l’accès aux soins.
D. S. Ce message est-il entendu par les médecins ?
Dr J.-L. B. Non, pas du tout. Les médecins sont vieillissants, et les tarifs des actes n’ont pas été revalorisés depuis vingt ans : nombre d’entre eux pratiquent les dépassements d’honoraire comme variable d’ajustement. Si les revenus se maintiennent, c’est parce que les médecins ont recours au dépassement d’honoraire, notamment dans certaines villes, comme Paris, Lyon, Marseille.
D. S. Quelles sont les solutions ?
Dr J.-L. B. La solution serait l’aboutissement du secteur optionnel. Dans certaines régions, on est de fait dans le secteur optionnel. En Languedoc-Roussillon, nous avons réussi à négocier, pour certaines spécialités, dans le cadre des Sros*, des tarifs raisonnables. Mais dans les grandes mégalopoles, comme Paris, les dépassements sont exorbitants, et ne peuvent être soumis à négociation. Qui plus est, du fait d’une nouvelle taxe qui touche les complémentaires, les négociations sur le secteur optionnel sont repoussées aux calendes grecques.
D. S. Croyez-vous en l’actionnariat médical ?
Dr J.-L. B. C’est une des pistes de travail, actuellement en discussion au niveau de la FHP. Mais il ne faut pas reprendre le modèle de la petite clinique tenue par les médecins, car ce sont les groupes qui ont repris les rênes.
D. S. Le salariat représente-t-il une solution ?
Dr J.-L. B. Très clairement, non. Le modèle privé a acquis une certaine efficience due au paiement à l’acte. De toute façon, on ne pourrait envisager une forme de salariat qu’agrémentée d’une participation, ou d’un intéressement. Le salariat pur et dur n’intéressera pas grand monde.
D. S. Un conflit social médical est-il imaginable dans le secteur privé ?
Dr J.-L. B. Non, je ne pense pas, il ne peut pas émerger un conflit social. Je ne crois pas par ailleurs que les dépassements sont les seuls responsables de la mauvaise santé financière des cliniques. Les établissements dans le rouge sont de taille moyenne, dans des agglomérations moyennes, et ne se sont pas regroupés. Pour ces cliniques, je ne suis pas sûr que les dépassements soient à l’origine des dépassements : il y a une telle pression de la population que les dépassements restent contrôlés. Je pense que la maîtrise médicalisée des soins limite la croissance de l’activité des cliniques. Du coup, la marge bénéficiaire est moins importante. Et les coups augmentent, aussi.
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