LES ENFANTS qui ont régulièrement fréquenté des personnes extérieures à leur foyer dès les premiers mois de leur vie auraient un risque de développer une leucémie lymphoblastique aiguë inférieur à celui des enfants qui n'ont pratiquement jamais participé à des activités sociales avant l'âge de 1 an. En d'autres termes, la socialisation des nourrissons diminue leur risque de leucémie. C'est tout du moins ce que suggèrent les résultats d'un étude britannique publiée par le « BMJ ».
Dans le cadre d'une vaste étude cas-témoins, Gilham et coll. se sont intéressés à l'influence du niveau de socialisation des enfants lors de leur première année sur le risque de cancer infantile. Dans ce but, ils ont interrogé les parents de plus de 9 000 enfants (6 305 enfants témoins et 3 140 enfants atteints d'un cancer) sur les activités qu'avait pratiquées leur enfant dans les mois suivant sa naissance. Les chercheurs ont ensuite recherché l'existence d'une association entre le niveau d'activité sociale des nourrissons et le risque de développer un cancer plus tard dans l'enfance.
Les enfants ont été classés en quatre catégories : ceux qui n'ont pas rencontré de personnes extérieures à leur foyer avant l'âge de 1 an (pas d'activité sociale), ceux qui ont occasionnellement rencontré d'autres enfants, ceux qui ont fréquenté des personnes extérieures à leur foyer au moins une fois par semaine et ceux qui ont eu des activités sociales en compagnie d'au moins quatre enfants extérieurs à leur foyer plus d'une fois par semaine.
Cette analyse a révélé l'existence d'une relation proportionnelle et inversée entre le niveau d'activité sociale des nourrissons et le risque de leucémie lymphoblastique aiguë.
L'effet de la socialisation sur le risque de cancer est moins prononcé dans le groupe des enfants diagnostiqués entre 2 et 5 ans que dans le groupe des enfants chez lesquels le diagnostic est intervenu après l'âge de 5 ans. Il reste cependant significatif.
Comment expliquer ce phénomène déconcertant ? L'interprétation la plus plausible se fonde sur le fait que les nourrissons socialisés ont plus de risque de contracter des infections banales tôt dans leur vie. Ces contacts précoces avec des antigènes permettent la « mise en route » du système immunitaire. Chez les enfants qui restent trop longtemps isolés des agents pathogènes, le système immunitaire reste naïf est innactif. La première infection par un virus banal pourrait, chez eux, conduire à une réponse immunologique inadaptée et dérégulée, favorisant le développement de la leucémie lymphoblastique aiguë.
C. Gilham et coll., « BMJ », édition en ligne avancée.
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