CURIEUSEMENT, cette belle « Lettre d'amour » composée par Fernando Arrabal, lettre à la voix féminine, a été créée en Israël et en hébreu puis jouée en France par une troupe roumaine à Avignon, présentée à la Cartoucherie dans une version espagnole, mais jamais donnée en langue française par une comédienne francophone.
Claude Confortès nous en propose une version d'une très grande tenue, sobre et rigoureuse, émouvante. Une version à l'image de la très belle interprète qu'est Françoise Fabian, interprète dont le beau visage tragique et tendre à la fois s'enveloppe ici du voile de deuils jamais enfouis.
Il y a une gravité naturelle du propos et une manière de dire, de s'exprimer qui renvoient ce texte de Fernando Arrabal à de grands référents tragiques grecs. Cela convient très bien à la nature même de Françoise Fabian, interprète extrêmement discrète, femme de sensibilité profonde mais ennemie de toute démonstration. C'est une interprète naturellement sobre, pudique, retenue. C'est une femme du secret et de l'aveu que celle qu'imagine ou recompose ce fils blessé qu'est Fernando Arrabal.
Il dit qu'il a écrit en une nuit ce texte pour une amie, grande comédienne d'Israël, Orna Porat. Mais on devine la pression du sens, le désir de dire au travers de cette confession que l'auteur lui-même désigne comme « un égarement lucide ». Il y a les relations vraies de Fernando Arrabal à sa mère - amour et haine, dit-il -, il y a le mystère de la condamnation de son père. Il y a les blessures sur lesquels l'artiste Arrabal, peintre, écrivain, intelligence d'une clairvoyance radicale, s'est constitué.
Claude Confortès a voulu que ce moment soit de rigueur et d'émotion. Une table, quelques feuillets, peu de lumière. Et les mots et les questions pour toujours demeurées en suspens.
Françoise Fabian, sa beauté, sa gravité et cette lumière qui sourd du plus profond.
Théâtre du Rond-Point, à 18 h 30 du mardi au dimanche. Durée : 1 h Jusqu'au 22 février.
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