Décision Santé. Quelles seront les thématiques abordées lors du salon Hôpital Expo ?
Frédéric Valletoux. Cette année est particulière, du fait des élections, présidentielle et législatives. La FHF a ainsi présenté une plateforme politique, qui apporte un certain relief à ce rendez-vous incontournable qu’est Hôpital expo. Cette année, nous accorderons une attention particulière à l’avenir de l’hôpital public, aux nouveaux métiers de santé qui émergent, mais aussi aux territoires de santé.
D. S. Et pour Health information technology (HIT) ?
F. V. Les systèmes d’information sont érigés en priorité. Il faut absolument que les hospitaliers aient la bonne information à temps. Nous nous fixons un objectif : 3 % des budgets hospitaliers doivent être consacrés au SIH.
D. S. Quel est l’état des déficits hospitaliers ?
F. V. Je tiens tout d’abord à préciser que la FHF est en rupture avec les discours alarmistes portant sur la situation financière des hôpitaux publics. Nos établissements sont extrêmement dynamiques parce que nos professionnels se bougent ! De plus en plus de communautés hospitalières de territoire (CHT) se mettent en place, la recherche progresse également. De même la situation financière de nos hôpitaux s’améliore. Sur les trois dernières années, le déficit a réduit de 40 %. La moitié de nos hôpitaux sont à l’équilibre. Les Hospices civils de Lyon par exemple, qui ont traversé une passe difficile, sont pratiquement à l’équilibre. Le déficit consolidé en 2010 n’est que de 180 millions d’euros.
D. S. Les outils de restructuration proposés par la loi HPST tels que les GCS (Groupements de coopération sanitaire) ou les CHT sont-ils utilisés par les directions hospitalières ?
F. V. La FHF a toujours défendu une stratégie de groupe public. Ces outils (CHT, GCS) sont très utilisés. Il existe actuellement plus de 200 CHT constituées ou en cours de constitution. Les GCS sont très utilisés par les hôpitaux, dans le cadre de mutualisation de certaines fonctions : nous rencontrons beaucoup de GCS en logistique, blanchisserie, restauration… Mais nous n’avons pas de bilan chiffré quant au nombre de ceux qui ont été constitués.
D. S. La nouvelle gouvernance est-elle maintenant admise, après avoir été tant décriée ?
F. V. Sur ce point, j’aimerais juste faire une remarque liminaire. Deux rapports, le rapport Fourcade et plus récemment celui de Fellinger-Boiron, abordent la thématique de la nouvelle gouvernance. Ils se sont entretenus sur cette question avec des centaines d’hospitaliers, et il ressort que les choses se passent plutôt bien. La nouvelle gouvernance n’est plus un sujet. Un bon équilibre s’est mis en place.
D. S. Nous avons l’impression que le nouveau statut de clinicien n’est pas plébiscité…
F. V. Il n’a pas suscité, pour le moment, un réel engouement. C’est peut-être dû au fait qu’il est difficile à mettre en place.
D. S. Quel bilan tirez-vous de deux années d’ARS ?
F. V. Je tiens à rappeler que la FHF a toujours été favorable à l’instauration des agences régionales de santé (ARS). Leur mise en place n’a pas été simple. Le grand avantage des ARS, c’est le décloisonnement. En effet, elles ont favorisé plusieurs approches communes régionales. Le désavantage, c’est l’aspect bureaucratique. Les établissements de santé avaient pris l’habitude de travailler avec les petites équipes, souples, des ARH, ce qui n’est pas le cas des ARS. Nous souhaitons que les ARS se réorientent vers leurs missions essentielles. Les ARS doivent aider les acteurs hospitaliers à développer des stratégies communes, mais ne doivent pas se substituer aux établissements de santé.
D. S. La deuxième tranche d’Hôpital 2012 n’a toujours pas été débloquée. Qu’en pensez-vous ?
F. V. Nous sommes tout à fait conscients que nous vivons une crise financière auxquels n’échappent pas les établissements de santé. Nous ne pouvons pas reprocher au gouvernement d’étudier en détail chaque dossier proposé dans le cadre d’Hôpital 2012. Au passage, j’en profite pour rappeler que si les hôpitaux sont si endettés, c’est tout simplement parce qu’ils ont beaucoup investi dans leur rénovation, au travers des plans Hôpital 2007 et 2012. Pour en revenir à la deuxième tranche d’Hôpital 2012, nous souhaitons bien évidemment que les engagements de l’État soient respectés.
D. S. Comment résoudre le problème des comptes épargne temps (CET) des praticiens ?
F. V. Nous considérons que les difficultés liées au temps de travail des médecins sont dues avant tout à la mise en place des 35 heures. Nous souhaitons par ailleurs que le problème des CET soit résolu avec pragmatisme. Toutefois, nous soulignons un point qui a son importance : les établissements ne doivent pas prendre en charge seuls le paiement des CET. L’État doit y contribuer. Et, pour ce qui est de l’avenir, il nous faut définir de nouvelles règles pour mieux réguler les CET.
D. S. Faut-il fusionner les corps des directeurs d’hôpital avec ceux des D3S ?
F. V. Ce n’est pas le rôle de la FHF que de se prononcer sur ce sujet. Mais, à titre personnel, je pense que ce serait une très mauvaise idée. Car les métiers ne sont pas comparables. Il est saint de conserver une spécificité à ces deux corps. Il ne faut pas que cette réforme aboutisse.
D. S. Comment répondre à la crise de recrutement des personnels de santé dans les établissements ?
F. V. L’attractivité des carrières est une question centrale pour les établissements de santé. Nous assistons à une diminution drastique des professionnels, ce qui met en péril nombre de territoires. À la FHF, nous avons lancé des campagnes de communication sur ce thème, et des plans de valorisation de nos métiers. Nous croyons énormément au travail en réseau, entre la ville et l’hôpital, pour résorber cette crise. En ce qui concerne les paramédicaux, la réforme LMD va dans le bon sens, et participe à une plus grande attractivité des métiers. Je pense aussi qu’il faut que l’on accorde une plus grande marge de manœuvre aux établissements. Il faut faire évoluer le cadre rigide des rémunérations pour intéresser les personnels. Autre aspect : travailler sur les contenus. Il y a tout un chantier à mener sur les délégations de tâches par exemple. Dans notre plateforme, nous évoquons également de nouveaux métiers dans la santé, ayant trait aux maladies chroniques.
D. S. Les établissements de santé rencontrent des soucis pour accéder aux crédits. Que faire ?
F. V. Le recours à l’emprunt est préoccupant. Ce qui met en péril notre capacité à investir. Nous avons donc décidé de rencontrer dernièrement la Fédération bancaire française. Il ressort de cet entretien que nos interlocuteurs ont compris que le milieu hospitalier est sain. Il n’empêche : les problèmes de liquidité perdurent. Pour y pallier, François Fillon a débloqué un crédit de 3 milliards d’euros à l’intention de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Nous comptons qu’une partie de ces crédits sera sanctuarisée à l’intention des établissements de santé. Mais cela ne suffira pas. La disparition de Dexia place les hôpitaux dans la difficulté. Nous pensons que la création de la Banque publique des territoires – une association entre la CDC et la banque postale – pourra répondre aux problèmes des collectivités territoriales et des hôpitaux.
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