Le temps de la médeine
Parmi les nombreux tabous bousculés, ces dernières décennies, dans le domaine sexuel, celui de la reconnaissance d'une sexualité après 50 ans n'a pas été oublié. L'abondance d'articles, d'émissions télé ou radio en sont le reflet.
Nous sommes loin de l'époque où « il ne semblait pas correct que des gens qui ne sont plus jeunes et beaux fassent l'amour », explique le Dr Frédérique Hédon (Paris), sexologue. Dans un couple formé de longue date, chacun peut accepter les modifications de l'autre avec l'âge, le trouver encore attirant et désirable. Elle ajoute que la vie sexuelle fait dorénavant partie des éléments de qualité de vie des seniors. Certes, ce n'est plus une priorité ; elle passe notamment après la vie de famille.
L'évolution socioculturelle fait que, lorsque l'on a passé 50 ou 60 ans, la vie n'est pas considérée comme finie, loin s'en faut. Chez les retraités, le désir de profiter de la vie, des voyages, des loisirs demeure fort. La sexualité fait partie du même désir. Elle justifie des consultations en vue de corrections de certains éléments organiques.
Frédérique Hédon rapporte que les enquêtes, tant nord-américaines qu'européennes, montrent une constante : les troubles de l'érection. Elle explique que leur prévalence augmente avec l'âge, croissant significativement à partir de 50 ans. Ils touchent environ 20 % des hommes, tous troubles confondus (de minimes à sévères). La qualité de l'érection décroît chez les quinquagénaires, phénomène qui concerne environ un tiers des hommes de plus de 65 ans. « Il n'y a pas que le vieillissement physiologique, ajoute-t-elle, il faut tenir compte de l'apparition de facteurs de risque, tels que maladies cardio-vasculaires, diabète et des effets délétères de leurs thérapeutiques. Enfin, au-delà de 60 ans, un déficit androgénique peut s'installer. Il peut être corrigé. »
Carence hormonale ne signifie pas arrêt
De façon moins spectaculaire, les femmes sont également concernées. L'époque où les femmes ayant atteint la ménopause tiraient un trait sur la vie sexuelle est révolue. La modification des réactions sexuelles engendrée par la carence hormonale ne signifie pas arrêt. Frédérique Hédon décrit chez ces femmes une lubrification vaginale moins rapide et peut-être moins abondante. La réponse sexuelle est différente, essentiellement par quelques difficultés à atteindre l'orgasme. Le traitement hormonal substitutif semble améliorer ces deux paramètres. « Quant au désir... il est difficile à mettre en évidence. Il dépend des conditions conjugales, de vie et au cours des relations sexuelles. »
Le cinquantième anniversaire représente une charnière dans la vie. Auparavant, l'individu peut s'autoconvaincre qu'il est jeune. Au-delà, il a le sentiment d'avoir franchi le milieu de sa vie, même s'il se sent encore dynamique (pratiquant des activités physiques, des sports). A cet âge, nombre d'individus se retrouvent seuls par divorce, voire veuvage. Chez l'homme, une « constante ancienne » est de former un nouveau couple avec une femme plus jeune de quinze ans ou plus. Face à cette femme de 35 ans, à la sexualité bien assumée, l'homme peut redouter de n'être pas à la hauteur.
Quant à la demande d'aide médicamenteuse, elle est clairement exprimée par les hommes depuis l'arrivée de molécules facilitant l'érection. Les patients ont compris l'aide qu'ils pouvaient y trouver et n'ont pas de scrupule à y recourir. Même si, chez certains, une inquiétude demeure face à un éventuel risque thérapeutique. Frédérique Hédon constate deux faits à propos de ces traitements. Tout d'abord, il n'est pas rare que la demande provienne de femmes de plus de 50 ans qui, remariées ou ayant rencontré quelqu'un, viennent en parler à la place de leur compagnon. Ensuite, la prescription en médecine générale est bien inférieure à la prévalence de la pathologie, ce qui laisse supposer que nombre d'hommes ne s'en inquiètent pas et considèrent les troubles de l'érection comme normaux. Dans ce dernier cas, peut-être faudrait-il que les médecins aillent au devant de leurs patients, notamment en recherchant un effet secondaire sur l'érection d'un traitement prescrit.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature