Antiquités
Front haut, nez busqué, regard ombrageux et cheveux en bataille, le visage d'Annibal Carrache vu par lui-même vers 1590 fait penser à celui de Van Gogh 300 ans plus tard ! Ce petit croquis tracé en calques vigoureux traits de plume par le plus jeune des frères Carrache trône chez Trinity Fine Art, au Salon du dessin.
Les années passent, douze ans déjà, et le Salon du dessin reste fidèle à don esprit et à sa formule : pas plus de 25 exposants et pas plus de trente dessins sur chaque stands tous encadrés et accrochés, afin de ne pas fatiguer le regard du spectateur et de préserver un haut degré de qualité, qu'il s'agisse de feuilles anonymes, d'auteurs oubliés ou de grandes stars dont les noms font office de locomotives.
Les plus recherchés sont ceux des maîtres italiens de la Renaissance et, à part le Carrache, ils brillent surtout par leur rareté. On sera séduit aussi par un comédien baroque, sorti d'une sanguine florentine de Baccio del Bianco, avec un impossible chapeau à plumes.
Pour le XVIIIe siècle, il y a pléthore : une sanguine de Watteau, deux faunesses de Tiepolo, des paysages d'Oudry, de Natoire, et, déjà romantique, une sage jeune fille en robe blanche lisant une lettre dans un paysage de rochers tracé par Boilly à la pierre noire et à la craie blanche avec un soupçon de sanguine.
Le XIXe commence avec un lavis de Delacroix brossé en passant, dans les Pyrénées lors d'un séjour à Eaux Bonnes. Ensuite, on a le choix des Degas entre une classique « Danseuse » en tutu et un somptueux drapé au fusain. Le dessin contemporain reste le parent pauvre de la manifestation et le mal aimé des collectionneurs, on ne perdra donc pas l'occasion d'admirer au passage une aquarelle de Miro dont les effets de transparence conviennent bien à l'univers onirique et poétique de l'artiste.
En dehors des uvres exposées, le Salon se choisit toujours un thème qui touche de près les collectionneurs, et qui tient cette année aux problèmes de restauration et de conservation. Le Salon donne l'exemple par une opération de mécénat sur la restauration de trois portraits de l'Ecole de Clouet, de la collection de Catherine de Médicis qui sortent pour la première fois du musée Condé. Les outrages du temps n'épargnent pas les uvres des musées et, si les dessins exposés au salon sont tous en parfait état, ce n'est pas toujours le cas de ceux que l'on chine sur les marchés, ou que l'on hérite de sa famille. Des spécialistes expliqueront quoi faire et surtout ne pas faire (comme les fixatifs à fusain ou à pastel), et comment trouver le bon professionnel qui réparera les dégâts sans les aggraver.
Salon du dessin, du mercredi 26 au lundi 31 mars, 12 h-20 h 30 (jusqu'à 22 h les 27 et 31 mars). Entrée : 10 euros (catalogue inclus) - Salons Hoche (9, avenue Hoche, 75008 PARIS).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature