LES CONSULTATIONS ET VISITES durent en moyenne 16 minutes : tel est l’enseignement majeur d’une enquête de la Drees (1) réalisée en 2002 auprès de 922 généralistes libéraux sur la base de 44 000 consultations en cabinet et 6 000 visites à domicile (les médecins ont accepté de décrire leurs séances).
Selon cette étude, la durée moyenne est de 15 minutes pour pour les consultations au cabinet et 18 minutes pour les visites. Dans le détail, 70 % des séances ont duré entre 10 et 20 minutes. Pour le reste, 0,3 % ont duré moins de 5 minutes, 4 % de 5 à 9 minutes, 19,5 % de 20 à 24 minutes, 3,5 % de 25 à 29 minutes et 4,8% plus de 30 minutes.
Les écarts de durée sont attribuables pour les deux tiers aux disparités de clientèle et pour un tiers aux écarts de pratique d’un généraliste à l’autre.
La pathologie diagnostiquée influence directement la durée de la séance. Ellle est plus élevée pour des patients atteints de problèmes psychologiques ou psychiatriques (18,2 minutes), plus faible pour une infection des voies aériennes (14,3 minutes). «Dès lors que le patient présente au moins une ALD, les durées de consultation sont supérieures de 12%, et de 24% pour deux ALD ou plus», précise l’étude.
Les cadres reçus plus longtemps.
Sans surprise, les séances sont en moyenne légèrement plus longues pour les patients âgés, notamment pour les plus de 70 ans (près de 17 minutes). Cela est dû à la surreprésentation de cette clientèle dans les séances motivées par des pathologies lourdes, problèmes rhumatologiques ou ALD.
Le degré de familiarité a son importance : les nouveaux patients bénéficient d’un temps de consultation un peu plus élevé (+ 6 %) que les malades connus. Et dans les cas où le médecin a précisé que son patient parlait beaucoup de ses problèmes personnels, la durée de la séance a bondi de... 13 %.
Il existe également un effet saison, la durée de la séance étant plus faible au quatrième trimestre que pendant le troisième. Explication : «En hiver, les épidémies étant plus fréquentes, on peut supposer que les files d’attente s’allongent et que les durées de séance diminuent en conséquence pour absorber le flux supplémentaire de patients.»
Les cadres et les professions libérales ont des durées de séance «significativement supérieures» à celle des employés (17 minutes contre 15,4 minutes) ou des ouvriers (15,2 minutes). «Les patients appartenant aux catégories socioprofessionnelles élevées ont probablement moins de distance avec le langage médical, et le dialogue aussi bien médical qu’extra-médical peut être facilité», lit-on dans l’étude.
Autre enseignement : les femmes médecins pratiquent en moyenne des consultations plus longues que leurs confrères, une tendance d’autant plus marquée qu’elles appartiennent à des générations anciennes.
L’étude confirme enfin que le secteur d’exercice joue un rôle décisif puisque les praticiens du secteur II consacrent à leurs patients plus de temps par séance (18,3 minutes) que leurs homologues du secteur I (15,6 minutes).
(1) « La durée des séances des médecins généralistes », avril 2006 (Drees-Direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques).« Le Quotidien» traitera dans une prochaine édition d’une autre étude de la Drees sur « la dispersion des honoraires des omnipraticiens ».
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