Réponse: l’appartenance à une même famille. Jean Bernoulli, mathématicien de renom, inaugure avec le calcul exponentiel (1691) une dynastie de savants qui ont laissé, sur 10 générations, l’empreinte de leur savoir ou découverte : les Dollfus (entreprise DMC, aéronautes), les Koechlin (coloristes, chimistes, ingénieurs dont le concepteur de notre Tour Eiffel, l’architecte du 1er grand barrage sur le Rhin), les Curie (qu’on ne présente plus), les de Gennes (un cousin), etc. Ce qui partout ailleurs est l’exception est ici la règle : on est major de Polytechnique de père en fils (sur 6 générations, comme chez les Schlumberger).
Mais pourquoi tant de réussite ? « Certaines trajectoires, observe Michel Hau (professeur d’histoire moderne et contemporaine à Strasbourg) permettent à ces génies de s’épanouir ». Parmi elles, la confession protestante : un pasteur a 110 fois plus de chances que la moyenne de donner naissance à un mathématicien de génie… Sans doute parce que, pour les Réformés, qui secouent l’autorité de la tradition, Dieu est un peu mathématicien et physicien. En étudiant le monde, ils se rapprochent de Dieu.
Courroie de transmission
« La fréquence des savants s’explique aussi par la transmission intégrale des traditions comportementales permettant de mieux exploiter les capacités intellectuelles ». La famille est ici considérée comme une entreprise éducative. Certaines structures sont plus aptes que d’autres à transmettre un volume culturel important : autorité avérée des parents sur les enfants ou père exerçant toujours son autorité sur un fils même majeur - au risque de contrarier une vocation. Autre terreau fertile pour la transmission du savoir : un couple de parents où la différence d’âge est faible. La femme est alors épousée pour ses “fonctions“ reproductrices et éducatrice. À ces conditions, leurs enfants sont les premiers aptes à maîtriser les nouvelles techniques, un gage de réussite sociale et financière.
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