Plus de 30 nouvelles maladies nous ont affectés depuis le milieu des années des années 1970, causant des dizaines de millions de morts, rappelle le Dr Diego Buriot (directeur de l'OMS, Lyon). L'histoire a tendance à se répéter dans un système évolutif qui a commencé très longtemps, ce qui devrait nous inciter à être prudent et modeste.
Bien qu'il existe des méthodes de prévention et des moyens thérapeutiques pour les six maladies transmissibles les plus meurtrières (sida, tuberculose, maladies diarrhéiques, pneumonie, paludisme, rougeole), plus de 10 millions de personnes en meurent chaque année, principalement dans les pays en développement.
Lorsque l'on se penche sur les infections épidémiques et émergentes au cours des six dernières années, on s'aperçoit qu'elles apparaissent un peu partout dans le monde. Outre le SRAS, l'OMS surveille actuellement d'autres épidémies telles que la fièvre d'origine inconnue en Australie, les décès fébriles inexpliqués en Inde et en Indonésie, la fièvre hémorragique aiguë en Soudan, la choléra dans plusieurs pays, l'Ebola au Congo, la rougeole au Niger, etc.
Certaines zoonoses (définies comme des maladies infectieuses ou parasitaires transmissibles des animaux vertébrés à l'homme et vice versa) étaient déjà reconnues dès l'Antiquité, et actuellement quelques 200 sont connues. Selon les scientifiques, la grippe espagnole (1918-1919, de 20 à 40 millions de morts dans le monde) est due à un virus de la grippe porcine qui a muté aux Etats-Unis, puis s'est répandu dans le monde en quatre mois par l'intermédiaire des soldats mobilisés pendant la première guerre mondiale. Le virus de la grippe asiatique (1957-1958, 1 million de morts) provenait de la Chine du sud où il est resté dormant chez le canard, avant de passer au cochon où il a muté et s'est ensuite transmis à l'homme. L'Ebola virus, qui touche plusieurs pays africains, commence souvent par une épidémie chez les chimpanzés qui le transmettent à l'homme où il est hautement contagieux et dangereux (aucun traitement disponible, plus de 1 000 personnes décédées). De même, la théorie principale du sida est que le virus est passé du singe à l'homme. En ce qui concerne l'agent bovin EBS, dont l'identification formelle dans la nouvelle variante de la MCJ a été confirmée en octobre 1997, nous n'avons pas encore toutes les informations sur les conséquences de l'exposition potentielle par l'intermédiaire du commerce international du bétail vivant, de la viande, mais aussi de tous les produits contenant du bœuf.
Citons également l'épidémie de grippe du poulet en 2003, qui s'est étendue d'abord en Hollande puis à la Belgique et à l'Allemagne, et qui est passée du poulet au porc et à l'homme (un vétérinaire est décédé de pneumonie). Quant à la pandémie SRAS, dont l'origine animale est possible, c'est un exemple de dissémination de la maladie virale à l'échelle mondiale en quelques semaines via les vols internationaux.
Intensifier la surveillance
Les raisons de l'émergence de nouvelles maladies sont multiples. D'une part, le monde microbien évolue en permanence et s'adapte aux nouveaux médicaments. Il a été démontré que les mutations sont variables selon les milieux. D'autre part, notre monde change également : la croissance de la population entraîne une multiplication des contacts entre l'homme et les animaux infectés ; le commerce international de produits agricoles a été multiplié par cinq depuis 1950 ; le nombre de voyages internationaux a considérablement augmenté ; l'altération de l'environnement modifie la distribution des populations animales et on a assisté à l'industrialisation du secteur de production animale et à la modification des techniques de production.
Certes aujourd'hui, les zoonoses existantes ou émergentes peuvent être dépistées de façon plus précise grâce aux progrès de la biotechnologie et de la collaboration internationale, ou bien les méthodes épidémiologiques permettent de découvrir assez rapidement la nature du contage, son mode de transmission ou son réservoir, et de prendre ainsi les mesures de prophylaxie sanitaire et médicale. Toutefois, le Dr D. Buriot rappelle qu'il faut encore renforcer les réseaux de surveillance dans les pays en développement, notamment en Afrique, afin de disposer d'un système fonctionnel permettant la détection de l'épidémie à la source. Et l'engagement des gouvernements demeure indispensable pour financer la recherche fondamentale.
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