REFERENCE
Le tissu adipeux est le principal acteur assurant l'homéostasie énergétique de l'organisme par le jeu de la lipogenèse et de la lipolyse. Par ailleurs, toute expansion volumétrique de l'adiposité est censée déclencher une réponse compensatoire tendant à revenir au stade antérieur.
Depuis la découverte de la leptine, puis de bien d'autres substances régulatrices sécrétées par l'adipocyte, on sait que le tissu adipeux n'est pas un simple « réservoir inerte de triglycérides ». Ainsi, l'adiposité de l'individu influe sur son comportement alimentaire et notamment sur la satiété.
La leptine est le candidat idéal pour remplir le rôle de médiateur hormonal entre réplétion des stocks adipocytes et la satiété. Cette action peut-être représentée schématiquement par une boucle montant du tissu adipeux vers le système nerveux central, passant par le noyau arqué et l'hypothalamus latéral, et redescendant par le système nerveux sympathique. Pour certains auteurs, l'action de la leptine passerait par des neuromédiateurs centraux (neuropeptide Y stimulant la prise alimentaire et pro-opio-mélanocortine inhibant celle-ci), qui donneraient l'impulsion ingestive ou non ingestive.
La manière dont la leptine et les acides gras s'articulent avec les autres déterminants du comportement alimentaire (glucose, insuline, mais aussi ghrelin, hormone gastrique apparemment impliquée dans la prise alimentaire) reste à déterminer.
Toutefois, on peut se demander comment l'organisme peut stocker des réserves adipocytaires jusqu'à devenir obèse, alors que les réserves sont censéEs exercer en retour, par voie hormonale et métabolique, une action qui réduit la prise alimentaire. La notion de leptino-résistance a été avancée. Il semble que, après trois jours d'hyperphagie volontaire (modèle animal voisin de l'homme se mettant à surconsommer parce que ce qu'il mange est « riche et bon »), le pouvoir de la leptine à améliorer la sensibilité de l'insuline soit abaissé. Il semble également que seule la fraction libre de la leptine dans le plasma reflète le niveau d'adiposité et que le taux de la fraction liée de la leptine présent dans la liquide céphalo-rachidien ne soit pas corrélé à ce taux sanguin. Le contexte alimentaire adipogène pourrait participer à cette dissociation.
D'autres facteurs interviennent sur la satiété. A prise énergétique identique, les aliments riches en protéines sont plus satiétogènes que les aliments glucidiques et surtout lipidiques. Les protéines ne sont en général pas consommées seules. Les réponses métaboliques à l'ingestion simultanée de protéine et de glucose montrent que les protéines représentent un apport tardif et lent de carburant glucidique qui n'entraîne pas de potentialisation de la sécrétion d'insuline induite par le glucose. Par ailleurs, moins la sécrétion d'insuline immédiatement postprandiale est rapide et intense, plus rapide et importante est l'utilisation des lipides qui, sortant des réserves, épargnent le glucose disponible : l'épisode hypoglycémique précédant la sensation de faim apparaît plus tardivement.
Enfin, d'autres paramètres interviennent sur la satiété. Ils sont d'ordre : sensoriel, cognitif, postingestif et postabsorptif. Des facteurs comme la densité énergétique de l'aliment, sa palatabilité, son poids et son volume et, on l'a dit, sa composition en macronutriments, ont leur importance. Les fibres interviennent à différents niveaux : elles diminuent la densité énergétique, elles augmentent la distension gastrique et elles ralentissent la vidange de l'estomac. Elles pourraient aussi agir sur l'appétit par des effets pré- et postabsorptifs au niveau du duodénum et de l'iléon. Dès lors, l'association de fibres et de protéines semble avoir un impact très positif sur la satiété.
Jonas 2002. Communications du Dr Didier Chapelot (maître de conférences universitaires Paris 13), du Pr Jeanine Louis-Sylvestre (EPHE Paris) et du Pr John Blundell (Université de Leeds, Royaume-Uni).
Protéines végétales
La gamme de produits alimentaires Quorn, nouvellement sur le marché français, est principalement constituée d'une mycoprotéine, issue d'un champignon (type Fusarium) cultivé par fermentation). Sa composition riche en protéines et en fibres (75 % d'eau, 11 % de protéines, 3 % de lipides, 3 % de glucides et 6 % de fibres-bêtaglucanes et chitine) et sa faible densité énergétique (85 kcal/100g) expliquent son fort pouvoir satiétogène.
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