CELA COMMENCE par un encart publicitaire dans la presse médicale et notamment dans « le Quotidien » : «Attention, peut-on y lire, l'absence de médecin nuit gravement à la santé.» L'annonce explique plus bas que «le dispositifJeunes médecins en Saône-et-Loireaide les généralistes à s'installer dans les cantons classés déficitaires grâce à une indemnité d'études de 1000euros par mois pendant trois ans, dès le troisième cycle».
Car la Bourgogne, dont fait partie la Saône-et-Loire, est une des trop nombreuses régions concernées par la baisse de la démographie médicale : 1 545 médecins généralistes y exercent (dont 594 sont âgés de plus de 55 ans), pour une densité médicale de 96 généralistes pour 100 000 habitants.
La Saône-et-Loire, avec tout juste 500 médecins généralistes en exercice, se situe au-dessous de la moyenne nationale, estimée à 114 médecins pour 100 000 habitants. Cinq cantons y souffrent particulièrement du manque de généralistes, ce qui oblige parfois les patients à parcourir près de 20 km pour consulter un médecin débordé par cet afflux de patients. Selon le conseil général, ces cantons sont ceux de Montret, Louhans, Bourbon-Lancy, Digoin et Toulon-sur-Arroux, mais deux autres, Semur-en-Brionnais et Marcigny, ne vont guère mieux.
Quatre bénéficiares par année.
Après le département du Cher, qui vient de mettre en place un dispositif similaire (« le Quotidien » du 19 avril), et après le département de l'Allier, la Saône-et-Loire se met donc activement à la recherche de médecins généralistes. Le département fait bien les choses et le contrat qu'il propose aux étudiants a le mérite de la clarté : les étudiants intéressés par le dispositif doivent prendre contact avec le conseil général* et lui adresser une demande de bourse. Après avis technique du médecin départemental, la bourse est attribuée en échange de l'engagement de l'étudiant à exercer pendant cinq ans dans l'une des zones déficitaires du département.
Les bénéficiaires doivent être impérativement des étudiants en 3e cycle ayant opté pour la spécialisation médecine générale, et ne bénéficiant pas d'autres prises en charge pour le financement de leurs études. L'étudiant doit effectuer ses études dans une faculté située sur le territoire français. Il doit remplir les conditions d'accès à ce poste de travail, notamment jouir de ses droits civiques et présenter un casier judiciaire compatible avec l'exercice des fonctions.
Plus curieusement, le nombre de bénéficiaires est limité à quatre par année universitaire, manifestement pour des raisons budgétaires. Si bien que les étudiants intéressés par l'opération ont intérêt à ne pas trop tarder pour envoyer leur demande de candidature, d'autant que le conseil général a communiqué sur le sujet auprès de l'ensemble des facultés françaises de médecine, ainsi qu'auprès des 37 associations d'étudiants en médecine et du Conseil national de l'Ordre des médecins. De plus, le département ne manque pas d'atouts : Lyon et Dijon se trouvent à moins de 100 km, Paris n'est qu'à une heure quinze par le TGV, des axes routiers majeurs et trois autoroutes innervent le département, et trois aéroports internationaux (Lyon, Genève et Dijon) se trouvent à proximité. Bref, on est loin de l'image du département rural enclavé et isolé.
* Conseil général de Saône-et-Loire, direction adjointe aux solidarités, Espace Duhesme, 18, rue de Flacé, 71000 Mâcon.
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