Le 23 septembre, à 14 heures, la 16e chambre du tribunal de grande instance de Paris devrait être la scène d'un procès peu ordinaire. Jean-Marc Priez, ancien président de Techno+, association spécialisée dans la réduction des risques, est poursuivi pour avoir provoqué et facilité l'usage de stupéfiants. Il lui est reproché notamment d'avoir fourni des conseils à des utilisateurs d'héroïne et de cocaïne en 2002. Il risque théoriquement dix ans de prison*.
Pour l'association AIDES, appelée comme témoin, le prévenu a simplement, « comme beaucoup d'autres », accompli « son métier d'acteur de la réduction des risques en délivrant des messages de prévention de la contamination par le VIH ou le VHC à l'occasion d'utilisation de produits » par des toxicomanes. Dans ce dessein, il a utilisé des « stratégies validées par les pouvoirs publics » qui figurent dans des « documents » portant « la signature du ministère de la Santé ».
« Le législateur, lui-même, en votant le budget de l'Etat, a clairement entendu valider ces stratégies », souligne l'association de prévention et d'aide aux victimes du sida. En fait, concède AIDES, « la consécration légale de la réduction des risques, à laquelle le ministre de la Santé actuel s'est engagé, va intervenir à l'occasion de la prochaine loi de santé publique », adoptée en mai en conseil des ministres et qui doit être soumise au Parlement au début d'octobre. Dans ces conditions, « il est particulièrement vain de vouloir donner raison à ceux qui soutiennent que Jean-Marc Priez a commis des actes contraires à l'intérêt public », conclut l'association, qui n'ose pas imaginer que la santé publique soit associée à un délit par la justice.
Techno+, créée en août 1995, est financée par la direction générale de la Santé et la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Jean-Marc Priez en a assuré la présidence de 1999 au printemps 2003.
* Art. 222-37 du code pénal, et L 3 421-4 du code de la santé publique.
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