Semaine d’information du 13 au 19 mars

La santé mentale au coeur de la cité

Publié le 08/03/2006

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DEPUIS SEIZE ANS, la Semaine d’information sur la santé mentale (Sism) s’emploie à «déstigmatiser la maladie mentale, en appelant chacun d’entre nous à en parler tôt pour en parler à temps». «Et ça marche», se réjouit le Dr Béatrice Bennevault, psychiatre d’enfants au CMP d’Argenteuil (Val-d’Oise), membre de l’Association française de psychiatrie (AFP), à l’origine de la manifestation. En revanche, il reste à «lever une confusion, entretenue consciemment ou non, entre la santé mentale, qu’englobe la santé publique, et la psychiatrie, qui implique une démarche individuelle. Et qui dit distinguer ne dit pas séparer», mais faire en sorte «de ne pas diluer les moyens de la psychiatrie dans ceux de la santé mentale», comme le ressentent nombre de professionnels à travers le plan Psychiatrie et Santé mentale.

Présenté en février de l’année dernière par Philippe Douste-Blazy, ce plan 2005-2008 table notamment sur la création de 2 500 postes médicaux et non médicaux en psychiatrie et l’ouverture de places dans les services d’accompagnement à domicile et dans le secteur médico-social. Il est assorti en outre de programmes spécifiques pour les détenus et les enfants adolescents.

Au nom de l’égalité des chances.

Pour sa 17e édition, du 13 au 19 mars, la Sism, créée par l’AFP et relayée par onze organismes partenaires, a choisi comme thème « la santé mentale dans la cité »*. Près de deux Français sur cinq (37 %) déclarent avoir consommé des psychotropes, et les troubles psychiques sont, en 2006, la première cause d’invalidité et le deuxième motif d’arrêt de travail. La concentration urbaine, l’excès d’images, de consommation, d’individualisme, de vitesse et de performance produisent souffrances et exclusion. «C’est le toujours plus de bien-être pour une minorité et le toujours moins pour la majorité, commente le Dr Bennevault. Or, au nom même de l’égalité des chances, il suffirait de mettre à la portée de chacun des outils permettant d’arriver à un point d’équilibre personnel, d’occuper la place qui est la sienne.» Pour la société, «l’enjeu majeur est de créer, dans la cité, les conditions pour que les personnes souffrant de troubles psychiques gardent ou retrouvent, au sein d’une communauté sensible à leur souffrance, un statut de citoyen qui ne soit pas seulement symbolique».

Faute d’agir à tête reposée, dans le calme, c’est à l’occasion de drames que la population s’interroge et que les pouvoirs publics, comme les élus locaux, prennent conscience des problèmes de santé mentale. Le chemin à parcourir reste à dessiner. Les personnes hospitalisées regagnent encore trop rapidement leur domicile ou celui de leur famille, et ce, fréquemment, sans accompagnement suffisant. L’intégration, l’insertion, la prévention concernent les acteurs de la santé mentale, les patients, les familles, les professionnels, les élus, les administratifs, la police, la justice, l’éducation nationale et chaque citoyen. Dans tous les cas, avertit le Dr Béatrice Bennevault, la voie à emprunter est tout le contraire d’une traque au trouble des conduites chez les tout-petits à des fins d’ordre public, comme le préconise un rapport parlementaire remis à Nicolas Sarkozy en vue de nourrir un plan de prévention de la délinquance (« le Quotidien » du 22 février).

Du 13 au 19 mars, tout ce qui a trait à la santé mentale sera au coeur de quelque 250 manifestations qui se dérouleront dans l’ensemble du territoire, qu’il s’agisse de conférences, de journées portes ouvertes, de projections de films, d’expositions, de débats, de visites de lieux de soins ou de pièces de théâtre. Cinq mille professionnels et bénévoles répondront aux questions des patients, de leur famille et de leurs proches.

* Tél. 01.42.71.41.11.

> PHILIPPE ROY