« 254 médecins ont été tués en Syrie depuis trois ans », affirme le Dr Oubaïda al-Moufti, président de l’Association d’aide aux victimes en Syrie, AAVS, qui accuse le régime de Damas de cibler tout médecin par le simple fait qu’il intervient en zone rebelle. Selon l’association Physicians for human rights (PHR), au moins 400 membres du personnel soignant (médecins, kinés, ambulanciers, infirmières) sont morts depuis le début du conflit.
Le 1er décembre, la télévision iranienne IRIB a même rapporté l’exécution par Daesh de 50 médecins et chirurgiens, abattus d’une balle dans la tête, peu après leur arrestation dans la région de Mossoul.
Du coup, le pays connaît un spectaculaire exode médical. PHR chiffre à 15 000 le nombre des praticiens qui ont été contraints au départ. Sur les 6 000 praticiens recensés à Alep, seulement 250 continueraient d’exercer ; dans la banlieue de Damas, sur 1 000 médecins, une trentaine resteraient aujourd’hui en activité.
Dans le même temps, la destruction des hôpitaux est devenue une arme de guerre. Selon l’UOSSM (Union of syrian medical relief organization), 57 % des établissements de santé ont été bombardés, 37 % d’entre eux ont été détruits, ou rendus totalement inutilisables, 70 % des centres de soins des régions d’Alep, comme l’hôpital Dar Al-Chifa, frappé à plusieurs reprises, de Deir ez Zor et d’Idlib ont été détruits.
Présents depuis 2012, Médecins du monde alerte sur « une situation médicale catastrophique », en particulier à Alep et dans le Nord du pays. Également sur le terrain syrien depuis trois ans, MSF chiffre à plus de 162 000 morts le bilan du conflit. Un rapport des Nations Unies estime à 6,5 millions le nombre des personnes déplacées, 2,7 millions de Syriens s’étant réfugiés dans les pays limitrophes.
« Nous soignons tous les patients, quel que soit leur camp »
Tous les paramètres de santé publique sont au rouge : pénurie de médecins, d’hôpitaux, de médicaments ; épidémies de rougeole dans les camps, épidémies de bronchites, de bronchiolites et de typhoïde, rapporte le Dr al-Moufti. Le président de SAMS estime à 300 000 le nombre des décès naturels liés à un manque de soins de médecine courante. 70 000 patients atteints de cancer et 5 000 dialysés seraient ainsi actuellement privés de soins.
Depuis l’enlèvement, il y a un an, de cinq membres de MSF, libérés depuis, les ONG concentrent leurs interventions dans les pays voisins, comme la Libye et la Turquie : « 95 % du travail médical est assuré par des ONG syriennes, regroupées en une dizaine de structures, poursuit le Dr al-Moufti. Alors que le régime de Damas nous classe parmi les organisations terroristes, en application de la charte de neutralité que signent tous nos adhérents, nous soignons tous les patients, quel que soit leur camp ou leur origine, dans les 300 centres médicaux que nous gérons à travers le pays. Et dans trois dispensaires implantés dans les territoires contrôlés par Daesh. »
Appel aux dons sur www.aavs-asso.org
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