SA DÉCISION arrêtée de se retirer bientôt de la vie politique – dans son fief de Loire-Atlantique, il ne se représentera pas aux législatives de 2007 : «Place aux femmes et place aux jeunes», explique-t-il en substance –, Claude Evin publie son autobiographie (1). Cent soixante-seize pages au fil desquelles le ministre de la Santé puis des Affaires sociales de Michel Rocard (entre 1988 et 1991), aujourd’hui président de la Fédération hospitalière de France (FHF), revient sur son engagement politique.
Profil atypique que celui de ce ministre sans bac, fils de cheminot devenu, jeune, hôte des ors de la République sans être passé par la case ENA. Son pedigree est celui d’un éducateur spécialisé de Saint-Nazaire façonné à « Saint-Joseph » d’Ancenis par le petit séminaire, celui d’un militant PSU conquis pour la vie par la pensée rocardienne.
Poisson dans l’eau.
Député à 29 ans, vice-président de l’Assemblée nationale à 37 ans, ministre à 39 : l’homme est rapide, visiblement doué d’une faculté d’adaptation hors du commun. C’est un poisson dans une eau politique qu’il voudrait limpide mais que les anecdotes qu’il rapporte dépeignent souvent légèrement trouble.
Et son credo est la santé. Car elle «concerne, écrit-il, tous les hommes, toutes les femmes d’un pays et ce, tout au long de leur vie ». Il précise : «De toutes les politiques publiques», elle est «celle qui offre le plus vaste champ de problématiques».
Que l’on énumère les dossiers qui restent associés au nom de Claude Evin et l’on ne peut qu’en convenir : la bulle sanitaire est son élément. Grève des infirmières, promotion du préservatif pour lutter contre le sida, pilule du lendemain, loi antitabac, réforme hospitalière de 1991… En trois ans – un long mandat pour un ministre en charge de la Santé –, Claude Evin n’aura pas chômé. De cette expérience, il tire une certaine leçon, sans concession, livrée à ses successeurs : «Le ministère de la Santé est sans doute, avec celui de l’Education nationale, l’un des plus exposés, Jean-François Mattei en a fait l’amère expérience quelques années après moi. On peut évidemment s’épargner les foudres des professions de santé si l’on évite de bousculer leurs corporatismes. On peut aussi échapper à devoir rendre compte des crises récurrentes dans ce ministère, si l’on y reste suffisamment peu de temps. Lorsqu’on est ministre de la Santé pendant seulement quelques mois comme Philippe Douste-Blazy ou qu’on y revient par périodes de seulement dix-huit mois comme Bernard Kouchner ou qu’on le quitte pour aller conquérir un autre mandat comme l’a fait Martine Aubry avant les municipales à Lille, laissant en chantier le dossier des 35heures à l’hôpital, on assure sans doute sa survie politique, mais on ne sert pas la politique publique de santé.»
(1) Claude Evin, avec Jean Legastelois, « A votre santé ! », Editions de l’atelier.
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