Bonne nouvelle ! La gauche s’intéresse à la médecine de ville ! Certes, on ne peut pas dire que celle-ci occupe le devant de la scène dans les débats entre prétendants à l’investiture socialiste. Mais François Hollande comme Martine Aubry n’ont pas caché leur préoccupation à son endroit ces derniers jours. Alors que le président de la République recevait à l’Élysée les chefs de file des médecins libéraux pour célébrer la nouvelle convention, les deux principaux candidats du PS sont allés l’un et l’autre sur le terrain, écouter les doléances des blouses blanches. A l’issue de son déplacement à Rennes, le premier, qui fait la course en tête, a accordé un entretien au Généraliste dans lequel il s’attarde longuement sur l’avancée des déserts médicaux et sur l’irrésistible ascension des dépassements. Inquiétude partagée par l’un de ses experts santé, Jean-Marie Le Guen, qui dans un récent ouvrage ne mâche pas ses mots : « Le grand malade, c’est la médecine de ville !»
Campagne après campagne, la gauche nous avait jusque-là plutôt habitué à un plaidoyer pour l’hôpital. Voilà donc qu’elle semble découvrir aussi la ville... et la campagne. Tant mieux, même si ce soudain engouement est le symptôme d’une crise sans précédent de l’offre et de l’accès aux soins. La campagne qui s’ouvre devrait donc être pour la gauche l’occasion de pilonner les résultats mitigés du quinquennat sur ce dossier : démographie médicale toujours en déshérence et secteur optionnel encore virtuel... Elle devrait aussi dénoncer les franchises et autres déremboursements instaurés depuis 2007. « La droite n’a pas de politique de santé », martèle à ce propos François Hollande dans nos colonnes.
En période électorale, c’est sans doute là une constante du discours socialiste. Pourtant, au-delà des postures, se profilent de vraies différences de positionnement entre les deux camps. Pendant que la droite serre les boulons et bétonne le dernier PLFSS du quinquennat, la gauche - aiguillonnée par ce « Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire » qui circule depuis la rentrée - crie au désengagement de la Sécu, s’indigne de l’asphyxie du secteur et des acteurs de santé et appelle à élargir le financement de l’Assurance-maladie. Sarkozy a compris le danger, qui dans Le Quotidien du Médecin cette semaine, stigmatise par avance « ceux qui veulent augmenter les recettes pour toujours augmenter les dépenses.»
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