FUT UN TEMPS, le Dr Françoise Bisseux remplaçait sa sacoche par un sac plastique (le plus ordinaire possible) lors de ses visites. «C'est quand je devais me rendre dans des zones un peu chaudes.De la même façon, je portais des cols roulés pour cacher mes colliers en or, je tournais mes bagues. Pas la peine de tenter les voleurs. Nous (médecins) ne sommes pas forcément des proies pour les délinquants, mais nous pouvons attirer les toxicomanes en quête de drogue ou d'argent pour s'en acheter.»
Et de fait, la sacoche est le signe extérieur du professionnel médical. «Il m'est arrivé de me trouver en face d'un monsieur dans un ascenseur. Il m'a tout de suite identifiée: “Vous, vous êtes médecin”. Il l'avait vu à ma sacoche», raconte encore la généraliste de Villemomble (région parisienne). Mais quand la doctoresse se déplace dans sa propre banlieue, son propre quartier, les gens la connaissent et la reconnaissent. Dans le sac «antirisques», le minimum : un stéthoscope, des ordonnances, des bâtons, des doigtiers.
Cours de sacoche.
Une sacoche, ça s'invente ou ça s'apprend ? Le contenu du contenant est-il livré à l'inspiration du jeune médecin ou bien le fruit de longs conseils avisés de bienveillants prédécesseurs ?
«Les premières années, je sortais toute l'artillerie. J'étais complètement paniquée. Je mettais dans ma sacoche tout ce que je pouvais imaginer. Aujourd'hui, je prends le minimum: un brassard à tension, un bâton, un masque léger, des doigtiers», précise cette autre généraliste qui a exercé elle aussi en banlieue parisienne . «En fait, durant nos études de médecine, nous n'avons pas reçu de “cours de sacoche” , alors nous remplissions notre sacoche selon nos connaissances, nos craintes aussi.» «Au bout d'un moment, je me suis mis à laisser mes médicaments d'urgence dans le coffre de ma voiture», confie un autre praticien.
Les années ont allégé la sacoche, donc. Elles ont aussi raréfié ses sorties. Depuis que le tarif de la visite est passé à 30 euros, les patients ont mis un sérieux coup de frein aux déplacements de leur généraliste. «Je suis passée à une seule visite par semaine en moyenne», témoigne le Dr Bisseux, qui, quand elle sort, sait «chez qui je vais, où je vais et, en principe, la raison de ma visite. Alors, la sacoche, elle ne circule plus beaucoup.»
Mais l'objet avait vu du pays, puisqu'il était importé de Turquie, lors d'un voyage touristique. Il avait été remplacé depuis par un antique sac de médecin, style XIXe.
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