APRÈS LA DÉCISION de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam), approuvée par le ministère de la Santé, de diminuer les tarifs d’une vingtaine d’actes en laboratoires d’analyses médicales pour réaliser 96 millions d’euros d’économies en année pleine, le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la biologie a été ressenti comme un réquisitoire contre la profession (« le Quotidien » du 7 juin). Le document dénonce les manquements en matière de qualité de 1 300 à 1 500 laboratoires. Il recommande de maîtriser l’évolution des dépenses de biologie en mettant en place une révision de la nomenclature et la mise en place d’un B fluctuant – lettre clé des biologistes – selon la rentabilité des laboratoires. Enfin, le rapport estime indispensable le regroupement de laboratoires.
Jean Benoît, président du Syndicat national des biologistes (SDB), qui revendique 2 000 adhérents, veut démonter une à une les accusations qui sont portées contre sa profession, à ses yeux «injustes et insuffisamment documentées». «On entend ces a priori depuis des années, commente-t-il.
Les dépenses de biologie augmenteraient trop fortement et nous serions trop chers. C’est un faux procès. Entre 1990 et 2005, les dépenses de biologie ont moins augmenté que l’ensemble des dépenses de l’assurance-maladie du régime général (67 % contre 109 %) . Les dépenses de biologie ne représentent que 2,6% des dépenses de santé.» Jean Benoît dit ne pas comprendre le comportement des caisses et du gouvernement. D’autant, précise-t-il, que les biologistes sont favorables à une «réorganisation de leur profession». Le SDB a signé avec le Syndicat des laboratoires de biologie clinique (Slbc) une plate-forme commune de propositions en vue de la restructuration de la biologie médicale privée en France. «Nous souhaitons la création de sociétés de participations financières des professions libérales (Spfpl) , sortes de holdings réservées à 3SEL (sociétés d’exercice libéral) , qui permettront d’intégrer les jeunes biologistes désireux d’exercer au sein d’une équipe», explique Jean Benoît. Le président du SDB redoute néanmoins la mise en place d’une «biologie industrielle qui prendrait la place de la biologie de proximité». Il regrette la tournure des événements depuis quelques mois. «Nous avons préparé trois référentiels avec l’Anaes –aujourd’hui Haute Autorité de santé– pour aider les biologistes à une prescription plus juste pour la dysthryroïdie, les hépatites virales et le diabète de type2, mais ils n’ont jamais été diffusés aux professionnels par l’assurance-maladie. C’est navrant, car notre profession est conventionniste et travaillait de façon positive avec les caisses», constate Jean Benoît.
De son côté, le Syndicat des laboratoires de biologie clinique s’est également élevé contre le «retour de maîtrise comptable en biologie orchestré par le ministère de la Santé et l’Uncam».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature