IL EXCELLA dans la gravure, qu'il découvrit à Florence en 1621 (voir, dans l'exposition, la fougueuse et lyrique eau-forte de « Saint Georges et le dragon », de 1623). Il se fit connaître pour avoir réalisé, en miniaturiste virtuose, de petits tableaux délicats et habiles peints sur différents supports (lapis, agate, albâtre, marbre, ardoise, onyx…). Il fut à l'origine de grandes compositions pour les églises (par exemple, le « Mariage de la Vierge », un immense carton de tapisserie pour Notre-Dame). Dans ses nombreux dessins, il sut aussi bien saisir la spontanéité de scènes quotidiennes que la profondeur de sujets contemplatifs (superbe et dépouillé « Vieil Homme endormi derrière une vieille femme lisant un grand livre »). Jacques Stella créa tout au long de sa vie, dans la plus grande diversité, et affirma ses multiples talents.
C'est à Rome, où Stella se rend en 1623, qu'il connaît ses premiers succès. Il y côtoie Le Bernin et Vouet, et devient le grand ami de Poussin, dont il assimilera la leçon sans toutefois jamais copier son style. De retour en France dans les années 1630, Stella développe une « manière » raffinée et sensible, et il est nommé par Richelieu peintre du roi. Les commandes affluent alors (il réalise de grandes peintures pour le château de Richelieu, la chapelle royale de Saint-Germain-en-Laye, les Cordeliers de Provins ; il est illustrateur, avec Poussin, pour les prestigieuses « Editions du Louvre », issues des presses de l'Imprimerie royale). Après la mort de Richelieu et de Louis XIII, Stella entre au service d'Anne d'Autriche, qui encouragea également son art (il peint pour elle des oeuvres telles que la « Naissance de la Vierge » et« Jésus retrouvé par ses parents au Temple »).
Douceur et sérénité.
A cette époque du classicisme triomphant, la peinture française se caractérise par un équilibre des compositions, par ce qu'on a appelé l'« atticisme ». Les maîtres mots de cette exigence picturale sont la clarté et la rigueur, auxquels répondent parfaitement Philippe de Champaigne, La Hyre ou Le Sueur. Stella fait partie de ceux-là, et peint dans un souci de grande précision et de perfection (ainsi « le Jugement de Salomon », à la perspective parfaite), sans pour autant faire preuve d'austérité.
Le peintre distille dans ses toiles la grâce et le raffinement, la sérénité et la noblesse. Ses sujets sont traités sur un ton de familiarité, même lorsqu'il s'agit de scènes religieuses. Les oeuvres d'inspiration bibliques de Stella sont très nombreuses. Le peintre fut très engagé dans le courant de dévotion de la contre-réforme catholique. Mais, loin de donner une vision froide et distante de la religion, il la rend accessible, intime, quotidienne, humaniste (voir la tendresse qui se dégage du « Sommeil de l'enfant Jésus avec trois angelots » ou encore « la Sainte Famille avec un ange qui prépare la bouillie »). Le sacré se conjugue chez lui avec le profane.
La douceur et la sérénité inondent les oeuvres de Stella, qui sont des incarnations de poésie et de grâce. Avec sobriété, le peintre du grand siècle a su faire jaillir dans ses oeuvres les émotions et cette fameuse notion d' affetti (en italien, expression des sentiments, des états d'âme).
Musée des Augustins. Musée des Beaux-Arts de Toulouse, 21, rue de Metz, 31000 Toulouse. Tél. 05.61.22.21.82. Tlj, de 10 h à 18 h (le mercredi jusqu'à 21 h). Entrée 7 euros (TR 4 euros). Jusqu'au 17 juin. Catalogue, 256 p., Editions Somogy, 35 euros. A voir aussi : il ne reste plus qu'un week-end pour visiter l'exposition « le Cabinet de Jacques Stella » au musée des Beaux-Arts de Lyon (jusqu'au 2 avril), qui évoque la collection et la bibliothèque du peintre (il a rassemblé, entre autres, un ensemble important de tableaux de Nicolas Poussin).
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