LES INVENTIONS qui ont valu au Pr Charpak son prix Nobel en 1992 ont été évaluées, à la recherche d'applications en radiologie médicale. Le travail de Charpak : des détecteurs gazeux permettant la conversion, au sein d'un gaz inerte sous pression (xénon), de photons X en électrons. Ces électrons, après amplification, sont détectables par des chaînes électroniques adaptées, servant de base à l'imagerie.
Plusieurs générations d'appareils ont vu le jour, avec une amélioration de la résolution spatiale (objectif : discrimination inférieure au mm) et de la vitesse de prise d'images. Ce perfectionnement, associé aux logiciels de reconstitution d'images tridimensionnelles, a abouti à des appareils opérationnels. Depuis près d'un an, le prototype EOS permet, avec deux clichés digitaux corps total, d'obtenir des reconstitutions de qualité. Ces clichés, simultanés et orthogonaux (face et profil strict), permettent, par assimilation à un élément générique engrangé dans le système, d'établir des contours virtuels les mieux superposables aux contours réels.
Une irradiation bien plus faible.
La qualité des radiographies obtenues avec EOS soutient la comparaison avec les méthodes conventionnelles (radiographies, scanner) sur les plans bi- et tridimensionnel. L'imagerie bidimensionnelle EOS entraîne une irradiation huit à dix fois moindre que la radiographie conventionnelle ; pour l'imagerie tridimensionnelle, on est à des niveaux d'irradiation cent à six cents fois moindres qu'avec un scanner.
Le système EOS s'utilise dans un environnement radiologique stéréotypé et précalibré.
Des repères sont sélectionnés sur l'image radiologique et identifiés à des éléments correspondants sur une structure anatomique similaire constituant l'objet virtuel dit générique.
Cette reconstitution peut se faire sur une extrémité distale de fémur ou des vertèbres. Après la prise des images, des logiciels (déformant et repositionnant dans l'espace des unités anatomiques de même nature) achèvent la reconstitution. On dispose de l'adéquation la plus parfaite entre les contours réels et les contours virtuels ; ce système est en voie d'automatisation.
La reconstruction de différentes structures anatomiques est validée : vertèbres, fémurs, tibias...
Pour vérifier la qualité de cette validation, on conserve au départ comme étalon de référence le scanner actuel déjà très au point. La qualité d'imagerie obtenue permet même d'espérer envisager une imagerie des structures non osseuses susceptibles de concurrencer l'IRM (ligaments, cartilages...).
Des perspectives cliniques.
Le système EOS a déjà été utilisé avec succès dans des situations cliniques nécessitant des examens radiographiques répétitifs et/ou irradiants.
Les applications cliniques du système EOS sont multipliables à l'infini :
- suivi des affections rachidiennes opérées ou non, durant la croissance ou la sénescence squelettique ;
- bilan radiographique squelettique morpho-architectural membres inférieurs-tronc chez l'enfant ;
- contrôle de l'efficacité correctrice des corsets orthopédiques sur certaines déviations rachidiennes ;
- mesures de capacité et volume thoraciques sans recours au scanner beaucoup plus irradiant ;
- étude en station debout d'affections rachidiennes neuroagressives (discopathies, sténoses...) ;
- étude en charge des articulations portantes (naturelles ou prothétiques) des membres inférieurs.
Cette liste est loin d'être exhaustive. Le seul bémol à ces développements reste le nombre limité, pour l[212]instant, des installations opérationnelles.
D'après des entretiens avec le Pr Jean Dubousset et des communications à l'Académie nationale de médecine et à la Sofcot, en collaboration avec les Prs et Drs G. Charpak, I. Dorion, W. Skalli, F. Lavaste, J. Deguise, G. Kalifa, S. Ferey.
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