PAR LE Dr VINCENT PIERRE-KAHN*
La technologie d'interférométrie dite « Time Domain » équipe les premiers OCT commercialisés dès 1996. L'interférométrie utilise un laser (840 nm) qui délivre de courtes bouffées de lumière cohérente (tous les photons sont en phase). Le rayon est séparé en deux par un miroir incliné. Une partie atteint un miroir de référence et revient sur le détecteur. L'autre partie frappe le tissu cible (rétine…) et revient également sur le détecteur. C'est l'étude des différences de trajet entre ces deux flux de lumière qui va permettre de calculer les images. Plus la zone de cohérence spatiale et temporelle de la lumière est réduite, plus la mesure sera précise. L'OCT Time Domain utilise des sources faiblement cohérentes. La résolution des premiers appareils (OCT1, Humprey Instrument) de 15 µm s'est améliorée dès 2002 avec l'arrivée du Startus OCT (Carl Zeiss Meditec) (10 µm). Un procédé de balayage par déplacement du miroir sur son axe permet d'explorer de multiples carottes contiguës (A scan) et de reconstituer ainsi une image rétinienne linéaire ou circulaire. Un déplacement de l'ensemble en XY va permettre d'obtenir une étude de la portion de rétine adjacente. Mais le temps de rotation du miroir, de quelques millisecondes, suffit à engendrer des artéfacts induits par les microsaccades du globe (ondulation et moindre qualité des images).
La nouvelle génération.
Des recherches considérables ont été menées pour améliorer la précision et le temps d'acquisition des images. L'interférométrie Spectral Domain ou Fourier Domain est venue équiper les appareils de nouvelle génération commercialisés depuis 2006. Ici, les interférences entre le faisceau d'examen et le faisceau de référence sont obtenues dans l'ensemble du spectre. Toutes les fréquences émises par les différentes couches rétiniennes sont analysées simultanément grâce à l'utilisation d'un spectroscope et non plus successivement suivant le déplacement d'un miroir de référence. Par conséquent, la vitesse d'acquisition des images est augmentée de cent fois, atteignant 40 000 A scan par seconde. La résolution axiale est améliorée (5 µm). Le miroir de référence restant fixe, la « prise de vue » est très rapide éliminant de ce fait les artéfacts liés aux mouvements de l'oeil. La réalisation par balayage de centaines de coupes adjacentes permet une reconstruction des images en trois dimensions. Il existe actuellement sur le marché sept OCT postérieurs, six sont de type spectral, un de type Time Domain. Les OCT spectraux se distinguent par la nature de l'image du fond d'oeil de référence (IR, SLO, rétinographie couleur), par leurs champs d'ex- ploration (papille, fibres nerveuses, segment antérieur) et par leurs logiciels de traitement d'image. Certains permettent la superposition des images OCT avec une imagerie du fond d'oeil, d'autres travaillent en mode confocal (SLOOCT) ou de manière combinée à un angiographe SLO. L'image rétinienne acquise par SLO est de meilleure qualité qu'une image infrarouge, ce qui facilite le repérage des lésions. Enfin, les logiciels de traitement d'image ne sont pas tous définitifs et vont pour la plupart évoluer.
L'OCT spectrale devient moins dépendante de l'opérateur. Il est désormais possible de scanner très rapidement une zone rétinienne étendue par juxtaposition de centaines de coupes transversales. La zone rétinienne d'intérêt est automatiquement incluse dans le scanner alors qu'avec le Stratus OCT l'opérateur devait placer manuellement sa coupe sur la zone souhaitée. Grâce à la multiplicité des coupes, la cartographie des épaisseurs rétiniennes est plus précise que celle obtenue par les seules six coupes radiaires du Stratus OCT. L'OCT spectrale augmente considérablement la visualisation de la ligne des photorécepteurs et de l'épithélium pigmentaire (figure 1). Les adhérences de la hyaloïde postérieure à la région maculaire sont mieux documentées grâce à l'imagerie 3D. La véritable question est de savoir si cette technologie spectrale permettra aux patients d'être mieux traités. La réponse sera apportée dans les prochaines années, mais, désormais, ces nouveaux OCT permettent de mieux voir et donc de mieux comprendre. Il faut néanmoins redéfinir les bases de données normatives de chaque nouvel OCT puisque les valeurs d'épaisseur rétinienne ne sont pas superposables d'un appareil à un autre. A titre d'exemple, les valeurs normales d'épaisseur rétinienne mesurées avec le Cirrus version 2.0 dans les 1 000 µm sont 30 % plus élevées que celles mesurées par le Stratus OCT version 5.0. Cela est principalement lié aux différences d'algorithmes de mesures utilisés par les machines.
Le Doppler-OCT.
Encore du domaine de la recherche, le Doppler-OCT permet de visualiser les réseaux vasculaires rétiniens sans injection de produit de contraste (Scattering OCT, Scattering Optical Coherence Angiography). Les OCT en ultra-haute définition nous donnent accès aux cônes et aux bâtonnets enchâssés dans les villosités de l'épithélium pigmentaire (Line Field Spectral Domain Coherence Tomography, Full Range Complex Spectral Domain Optical Coherence Tomography). En couplant l'OCT spectrale aux techniques d'optique adaptative, les résolutions devraient encore progresser. L'avenir est aussi à l'OCT fonctionnelle qui permettra de corréler très précisément l'anatomie avec la fonction.
* Hôpital Foch, Suresnes.
Les principaux modèles
Time Domain
– Startus OCT (Carl Zeiss Meditec, www.zeiss.fr).
Spectral Domain
– Cirrus HD-OCT (Carl Zeiss Meditec, www.zeiss.fr).
– 3D OCT –1000 (Topcon, www.topcon.fr).
– Spectral OCT/SLO (OTI, www.oti-canada.com).
– RTVue-100 (Optovue, www.optovue.com).
– Spectralis (Heidelberg Engineering, www.optech.net.au/optech_net_003.htm).
– S-OCT Copernicus (Nidek, www.nidek.fr).
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