POUR LA PREMIÈRE FOIS, une étude prospective, réalisée par des équipes françaises, a pu évaluer la valeur diagnostique et la faisabilité d'un contrôle de la fonction pulmonaire de patients à distance, par l'intermédiaire de leur ligne téléphonique. Cette surveillance spirométri- que était réalisée dans un cadre un peu particulier, celui de la transplantation de cellules souches hématopoïétiques allogéniques. Comme le rappellent Amélie Guihot et coll., chez 30 à 60 % des receveurs surviennent des complications pulmonaires, responsables d'une part importante de la morbi-mortalité. Alors que les pneumopathies infectieuses sont bien maîtrisées, l'incidence des complications non infectieuses a crû.
Complications pulmonaires non infectieuses.
Notamment, après 3 mois, l'une des manifestations de la réaction du greffon contre l'hôte se traduit par des complications pulmonaires non infectieuses d'apparition tardive (Lonipc, pour Late-Onset Non Infectious Pulmonary Complications). La survenue de ces pathologies est responsable d'une mortalité de 40 à 80 % par défaillance respiratoire. Or le diagnostic repose en grande partie sur les données de la spirométrie et le scanner thoracique.
C'est ainsi qu'une hypothèse a été formulée par des équipes des hôpitaux de la Pitié-Salpêtrière (Paris), de Foch (Suresnes), de Victor-Dupouy (Argenteuil) et de Garches. En utilisant un spiromètre portable équipé d'un modem (Spirotel), il devrait être possible de dépister, depuis le domicile et à distance, les anomalies ventilatoires évocatrices de ces complications.
Sur un total de 70 patients enrôlés initialement entre juin 2001 et janvier 2004, les données de 37 d'entre eux ont pu être publiées. Tous ont reçu chez eux l'appareillage, 100 jours après la transplantation. Elément capital, ils ont bénéficié d'un apprentissage avant même la transplantation.
Deux fois par semaine, les données spirométriques étaient transférées par la télémétrie. L'appareil évaluait la capacité vitale forcée (CVF), le volume expiratoire maximal seconde (Vems) et le débit expiratoire maximal médian 25-75 (DEM25-75).
C'est ainsi que 13 épisodes de détérioration spirométrique ont été dépistés à distance, chez 11 patients, au cours d'une durée médiane de 17 mois. Lorsque la diminution du FEV ou du MEF atteignait 20 %, le patient était convoqué pour une pléthysmographie, suivie, si nécessaire, d'un bilan incluant un scanner thoracique. Huit cas de complication non infectieuse (Lonipc) ont été diagnostiqués chez 7 patients : 3 bronchiolites oblitérantes ; 4 pneumonies interstitielles ; 1 association des deux. Les auteurs insistent sur le fait que, grâce à la spirométrie, le diagnostic a pu être posé chez 3 patients indemnes de signes cliniques évocateurs. Cinq des épisodes ont pu être améliorés et 3 ont été stabilisés par une majoration de l'immunosuppression.
Un diagnostic précoce améliore le pronostic.
«Ces résultats, constate l'équipe, diffèrent fortement des 20 à 50% de taux de réponse et des 27 à 60% de mortalité par défaillance respiratoire relevés dans les autres cohortes. Ces résultats ne sont pas liés aux médicaments immunosuppresseurs…, mais suggèrent qu'un diagnostic précoce améliore le pronostic.»
Ils poursuivent : «Nous avons montré que l'utilisation de ce spiromètre a donné satisfaction, que l'observance a été bonne et que les difficultés techniques ont été réduites au minimum, tout cela en raison d'un stratégie d'enseignement appropriée.» Ils suggèrent en conclusion que ce type de surveillance soit inclus dans les protocoles de surveillance des greffés de moelle, surtout chez ceux à risque de complications pulmonaires non infectieuses d'apparition tardive, c'est-à-dire aux antécédents de réaction du greffon contre l'hôte.
« Transplantation », vol. 83, n° 5, pp. 554-560.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature