LA RESTRICTION calorique expérimentale d'animaux de laboratoire permet de prolonger la durée de vie, de diminuer l'incidence des pathologies liées à l'âge et d'améliorer la réponse au stress oxydatif. C'est pour ces raisons que des spécialistes en neurosciences ont proposé d'étudier l'effet d'une baisse de 30 % des apports caloriques sur l'induction expérimentale d'une maladie de Parkinson chez des macaques adultes. Pour cela, ils ont sélectionné 13 singes mâles de 9 à 17 ans et ils les ont mis, après tirage au sort, soit à un régime sans restriction alimentaire, soit à un régime restrictif, mais tout à fait équilibré en vitamines et minéraux. Ce régime a été observé pendant une durée totale de six mois, à l'issue de laquelle les singes en restriction calorique avaient perdu environ 12 % de leur poids (8,5 kg, contre 9;6 kg à l'entrée). Durant cette période d'observation initiale, l'ensemble des singes a été régulièrement évalué par examens vidéo et imagerie (PET-scan).
Plate-forme, poutre ou crochet.
Les investigateurs leur ont progressivement appris à effectuer des mouvements fins spécifiques avec leurs deux membres supérieurs (sur une plate-forme, une poutre ou agrippés à un crochet) afin de tester leur habilité avant et après l'induction de la maladie.
A l'issue de ces six mois, tous les animaux ont reçu une injection de MPTP, une neurotoxine qui induit chez l'animal une apoptose des neurones dopaminergiques. Le traitement a été administré par voie intra-artérielle au niveau de l'artère carotide droite afin d'induire un hémiparkinson gauche. Les symptômes parkinsoniens se sont stabilisés environ six semaines après l'injection, et c'est à cette date que les investigateurs ont procédé à de nouvelles évaluations motrices et comportementales de l'ensemble des animaux. Le poids des singes s'est révélé similaire (9,6 kg contre 9,2 kg) dans les deux groupes au moment de la stabilisation des symptômes, et les investigateurs estiment que cette donnée s'explique par une baisse générale de l'activité motrice. La distance parcourue quotidiennement et la rapidité de mouvement étaient en moyenne deux fois plus importantes chez les singes en restriction calorique que chez les témoins. Le test de dextérité (mouvements fins) a, lui aussi, confirmé la supériorité des animaux les moins nourris sur leurs congénères.
L'examen par PET-scan, qui n'avait pas permis de noter de différence entre les deux groupes d'animaux au cours de la première phase de l'étude, s'est, en revanche, révélé différent au cours de la seconde phase d'évaluation. Le signal émis par la région nigrostriée du côté lésé était en effet bien supérieur chez les animaux en restriction calorique.
Tous les singes ont été sacrifiés onze semaines après l'injection de la neurotoxine, et les auteurs ont pu mesurer les taux de dopamine et de ses métabolites dans différentes zones cérébrales. Là encore, les taux les plus élevés ont été détectés chez les animaux les moins nourris. Enfin, la majoration des taux de facteurs neurotrophiques chez ces singes fait dire aux auteurs que « la différence observée entre les deux groupes de singes est en rapport avec une meilleure résistance à la neurotoxicité, en rapport avec une majoration des taux de facteurs protecteurs intrinsèques ».
« Proc Natl Acad Sci USA », édition avancée en ligne.
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