COMMENT AMELIORER la qualité des soins et l'accès aux soins ? Comment accroître la satisfaction des patients ? Comment améliorer l'efficience du système de santé ? Pour apporter des éléments de réponse aux interrogations des pays industrialisés, l'Ocde est partie du constat suivant : les progrès médicaux ont un coût.
Un coût qui se justifie largement du point de vue social, puisqu'un enfant né aujourd'hui peut espérer vivre neuf ans de plus que son aîné né en 1960. Mais ce coût pèse sur les budgets de l'Etat - les dépenses de santé dans les pays de l'Ocde, qui représentent 9 % du PIB, sont financées aux trois quarts par des fonds publics. Cette situation appelle donc des choix politiques délicats. Est-il possible de faire mieux sans augmenter les coûts ? Après avoir comparé les performances des systèmes de santé de ses 30 Etats membres, l'Ocde conclut qu' « il n'existe pas de système de santé idéal », et dégage plusieurs pistes en ce sens.
Première affirmation : mieux vaut éviter les mesures à visée purement économique. Pour limiter les dépenses, « on constate que les maîtrises comptables, de même que le recours à des assurances privées, ne sont pas efficaces », indique Martine Durand, vice-directeur des affaires sociales de l'Ocde, en charge du dossier santé. Avant de se poser la question de la hausse des cotisations pour financer le système de santé, il convient d'abord de réorganiser le système. Des poches d'économie existent dans chaque pays, affirme l'Ocde, qui incite les pays industrialisés à mettre l'accent sur la recherche de l'efficience et de la productivité.
Coût et gratuité.
Des marges de manœuvre peuvent par exemple être dégagées en développant l'information du patient, en encourageant la consommation des génériques ou en augmentant le ticket modérateur, même modestement, afin de responsabiliser le patient. Sur ce dernier point, la France dispose d'un levier non négligeable, puisque seulement 10 % des dépenses de santé restent à la charge des usagers, alors que la moyenne de l'Ocde est de 20 %. « Il est important que les gens ne considèrent pas le système comme complètement gratui et qu'ils voient le coût quand ils achètent des médicaments ou quand ils vont à l'hôpital », affirme Martine Durand, qui juge cependant « prématuré » de commenter les pistes de réforme avancées pour notre assurance-maladie, et notamment celle, évoquée par Jean-Pierre Raffarin, d'instituer une franchise par feuille de soin.
Pour l'instant, la réforme qui semble s'esquisser en France fait porter l'essentiel des efforts sur les usagers.
Erreur stratégique ? Sans le dire aussi franchement, Martine Durand affirme que les pistes les plus prometteuses se trouvent non pas du côté de la demande, mais du côté de l'offre de soins. Développer le système ambulatoire, la prévention - seulement 5 % des dépenses de santé y sont consacrées -, ou encore le dossier médical informatique, vers lequel s'orientent tous les pays européens, sont essentiels. A ces mesures, doit impérativement s'ajouter une responsabilisation forte des professionnels de santé, assure Martine Durand. Financer ces derniers par rapport à leur activité, la qualité de leurs soins et leur performance : « C'est la direction que prennent tous les pays de l'Ocde », dit-elle. « Responsabiliser les patients est important, mais cela ne peut être une solution au problème de maîtrise des coûts », poursuit-elle. La responsabilisation des médecins, en revanche, doit être « un élément clé » des réformes à engager.
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