UNE ÉTUDE AMÉRICAINE à paraître dans la prochaine édition des « Proceedings » de l’Académie des sciences américaine laisse entendre que la greffe de cellules stromales multipotentes de la moelle osseuse pourraient permettre de réguler la glycémie et d’améliorer la fonction rénale des patients diabétiques : Lee et coll. ont en effet observé que ces cellules sont capables de migrer de manière sélective vers les organes endommagés de souris diabétiques, en l’occurrence le pancréas et les reins. De là, elles induisent des mécanismes de réparation et/ou de régénération des tissus, conduisant à une amélioration significative de la santé des animaux.
Plusieurs stratégies de thérapie cellulaire du diabète se fondant sur l’utilisation de cellules souches de la moelle osseuse ont été proposées au cours des dernières années : certaines équipes de scientifiques ont cherché à induire la différenciation de ces cellules souches en cellules capables de sécréter de l’insuline, ex vivo. D’autres ont cherché à obtenir cette différenciation in vivo. Lee et coll. ont, quant à eux, voulu tester une troisième stratégie, se fondant sur l’hypothèse que certaines cellules stromales de la moelle sont capables d’induire la régénération d’autres tissus ou organes, tels que le pancréas et les reins.
Pour tester cette hypothèse, les chercheurs ont expérimentalement induit un diabète chez les animaux, puis ils leur ont administré des cellules stromales de moelle osseuse humaine par voie intraventriculaire. Lee et coll. ont utilisé des cellules d’origine humaine de manière à pouvoir aisément les différencier des cellules murines à l’issue de la greffe.
Dans la semaine suivant la transplantation, la glycémie des souris traitées a significativement diminué. Parallèlement, leur insulinémie a significativement augmenté. L’utilisation d’anticorps spécifiques a permis de démontrer que l’élévation du taux d’insuline constaté est due à une augmentation de la synthèse d’insuline murine et non pas à une production d’insuline humaine par les cellules transplantées.
Des analyses moléculaires ont révélé que les cellules humaines administrées aux animaux se sont établies dans le pancréas et dans les reins des souris, mais jamais dans les autres organes. La présence de quelques cellules humaines a cependant pu être mise en évidence dans le coeur des souris, à proximité de la zone où a été pratiquée l’injection intraventriculaire.
Augmentation du nombre et de la taille des îlots de Langer-hans.
L’examen histologique du pancréas des animaux greffés a montré que le traitement induit une augmentation du nombre et de la taille des îlots de Langer-hans. Nombre d’entre eux semblent bourgeonner à partir des canaux pancréatiques. Quelques îlots contiennent des cellules humaines produisant de l’insuline, mais la très vaste majorité des nouvelles cellules bêtapancréatiques observées sont d’origine murine.
De même, une amélioration de la morphologie des glomérules rénaux a pu être constatée chez les souris traitées : la greffe de cellules stromales de moelle osseuse humaine conduit à une diminution de l’épaississement mésangial et à l’infiltration des glomérules par les macrophages. Lee et coll. ont en outre pu mettre en évidence quelques cellules humaines différenciées en cellules endothéliales glomérulaires.
Des tests chez l’homme semblent envisageables.
Les cellules stromales de la moelle osseuse sont relativement faciles à obtenir et le risque associé à leur utilisation dans le cadre de greffes autologues semble minime : contrairement aux cellules embryonnaires souches, ces cellules n’ont pas tendance à proliférer de manière incontrôlée et à s’engager dans des voies de transformation maligne. Le seul risque tumoral associé auxcellules stromales de moelle osseuse jusqu’ici décrit, chez la souris, concerne leur capacité à favoriser la croissance de tumeur établie.
Les stratégies thérapeutiques fondées sur l’administration de telles cellules semblent donc sans danger pour les patients indemnes de toute tumeur.
Ces considérations et les résultats de Lee et coll. permettent d’imaginer qu’un traitement du diabète axé sur l’utilisation de cellules stromales de la moelle osseuse pourrait prochainement être testé chez l’homme.
Lee RH et coll. « Proc Natl Acad Sci USA » du 14 novembre 2006, pp. 17438-17443.
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