Antiquités
Quand l'imprimerie débarque au XVe siècle dans l'univers du livre, l'art du manuscrit calligraphié et enluminé est au sommet de sa gloire et de sa beauté. L'agonie de cet art de prince fut lente et les derniers sursauts furent superbes : les vingt et un volumes exposés en ce moment à Chantilly en sont une éloquente illustration. Vingt et un parmi les 1 500 manuscrits que contient la bibliothèque du duc d'Aumale, choisis pour leur beauté, leur intérêt historique et la diversité de leurs sujets. Un certain nombre sont même inédits.
Le manuscrit gothique était, sauf nombreuses exceptions, des ouvrages de piété, livres d'heures ou évangéliaires. Celui du XVIe siècle prend un tour plus profane, nous parle de mythologie, de héros antiques et d'amour charnel.
Un des plus étonnants est cette « histoire d'amour sans paroles » du tout début du siècle qui relate en images, rébus, allusions poétiques et érotiques, une idylle passionnée dont la dernière image de la jeune femme en larmes nous laisse deviner la fin tragique.
Ces images dépourvues du moindre texte ont encore tous les traits de la miniature gothique.
Mais le manuscrit du XVIe siècle est aussi le reflet de l'art de son temps. Certains mettent en scène des princes de la Renaissance comme François Ier, que l'on voit au milieu de sa cour, sur la première page d'une traduction de Diodore de Sicile, ou Henri III, présidant en 1587 et en grande pompe la création de l'ordre du Saint Esprit. D'un tout autre genre est la sombre histoire de « la Coche » (le mot était alors féminin) où Marguerite de Navarre, se met en scène dans ses habits de veuve, avec trois dames vêtues de même.
Cet ouvrage enluminé en 1542 a encore des allures gothiques. Il n'est pourtant pas très antérieur aux Heures d'Anne de Montmorency, (1549-1551) illustré de tableaux en perspective et couleurs vives et aux allures plus mythologiques qu'évangéliques. Pas d'équivoque en revanche pour les neuf scènes de l'Histoire romaine vers 1555, tracées en grisaille, rehaussées de sanguine et encadrées de cartouches d'or.
L'exposition s'achève sur un recueil de 60 dessins sur parchemin d'Androuet du Cerceau (vers 1550), modèles imaginaires d'architectures antiques transposées aux villes et châteaux de la France du XVIe siècle. Dont les seuls réels sont le château de Chambord et le Pont du Gard.
L'Art du manuscrit à la Renaissance française, château de Chantilly, jusqu'au lundi 7 janvier. Ouvert chaque jour, sauf mardi, de 10 h à 18 h (de 10 h 30 à 17 h à partir du 1er novembre). Entrée : 42 F. TR : 13 F et 25 F.
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