De notre correspondante
à New York
La relaxine est l'une des premières hormones de grossesse à avoir été identifiée voici déjà plus de 75 ans. Toutefois, en dépit de cette précocité, on n'a toujours pas trouvé le récepteur de la relaxine, et l'on reste relativement ignorant sur son rôle physiologique chez l'homme. Il n'est pas étonnant, donc, que l'on n'ait pas beaucoup entendu parler d'elle.
Chez l'animal, la relaxine joue divers rôles durant la phase tardive de la grossesse, rôles qui ont donné son nom à cette hormone. Elle provoque le ramollissement du col utérin et l'ouverture de la symphyse pubienne en prévision de l'accouchement. Chez le rat, elle inhibe aussi les contractions utérines (spontanées et induites par l'ocytocyne). Elle favorise aussi le développement de la glande mammaire et du téton.
Toutefois, la relaxine ne doit pas être vue comme une hormone de grossesse tardive, notamment chez la femme. En effet, chez elle et chez les autres primates, les concentrations d'hormone circulante s'élèvent seulement pendant le premier trimestre de la grossesse. On peut noter que des essais cliniques n'ont pas montré d'effet de l'hormone relaxine recombinante sur la relaxation du col utérin. En revanche, de récentes études suggèrent que la relaxine pourrait jouer un rôle aussi crucial que celui de la progestérone sur la différenciation du corps utérin, permettant l'implantation de l'embryon. Elle induit spécifiquement l'expression du VEGF dans l'endomètre, et, par conséquent, provoque la formation des nouveaux vaisseaux sanguins essentiels pour la croissance et le développement embryonnaires.
Cœur, cerveau, cicatrisation
Ses rôles ne s'arrêtent pas à la reproduction. La relaxine n'est pas sécrétée seulement par les ovaires mais aussi par de nombreux autres tissus, dont le cœur et le cerveau. De récentes études montrent qu'elle stimule l'angiogenèse après un infarctus ou durant la cicatrisation d'une plaie. De plus, elle dilate les vaisseaux sanguins, et elle est produite dans le cœur pour redresser les conséquences cataclysmiques de l'insuffisance cardiaque congestive. Elle limite aussi la formation des lésions fibreuses.
Baisse à la ménopause
Chez les femmes ménopausées, il survient une baisse des taux de relaxine, tout comme ceux des estrogènes et de la progestérone, fait observer, dans un commentaire associé, le Dr Richard Ivell de l'université de Hambourg. Si l'on considère certains symptômes du vieillissement après la ménopause - fibrose, déficits de cicatrisation et vasorestriction -, il est possible que la relaxine puisse offrir des bénéfices en tant qu'hormonothérapie substitutive, ajoute-t-il.
Hsu et coll. (université de Stanford, Californie), ont maintenant démontré que deux récepteurs orphelins (c'est-à-dire pour lesquels on n'a pas encore identifié les molécules endogènes qui s'y fixent), LGR7 et LGR8, sont des récepteurs pour la relaxine. Ces deux récepteurs transmembranaires couplés à la protéine G médient l'action de la relaxine par une voie cAMP-dépendante.
Les chercheurs ont généré une forme soluble de la région d'attache du récepteur LGR7, désignée 7BP, et montrent qu'elle peut servir d'antagoniste de la relaxine en la séquestrant. Lorsque des souris sont traitées pendant la grossesse par l'antagoniste 7BP, l'accouchement est retardé et les tétons sont moins développés.
Les deux récepteurs LGR7 et LGR8 sont exprimés dans de nombreux tissus, pas forcément les mêmes, ont trouvé les chercheurs. « L'étude des récepteurs pour la relaxine devrait permettre de développer des agonistes ou antagonistes de la relaxine pour traiter les troubles du travail », observent les chercheurs. « L'identification de ces récepteurs, ajoutent-ils, devrait faciliter la compréhension des actions de la relaxine dans diverses conditions physiologiques et pathologiques. »
Une autre hormone chez le mâle et la femelle
Les chercheurs suggèrent aussi que LGR8 pourrait se révéler un récepteur pour une autre hormone étroitement apparentée, RLF. Chez la souris mâle, l'hormone RLF est synthétisée par les cellules de Leydig, et joue un rôle dans la descente testiculaire avant la naissance. Chez la souris femelle, elle est synthétisée par les follicules ovariens et pourrait jouer un rôle dans la sélection du follicule ovarien. Bien que la recherche sur l'hormone RLF soit encore à son tout début, il est déjà clair que cette hormone est sécrétée par divers tissus et joue plusieurs rôles différents.
La découverte des récepteurs pour la relaxine et RLF devrait stimuler la recherche pharmacologique pour découvrir enfin des antagonistes et des agonistes de ces hormones, conclut le Dr Ivell dans son commentaire.
« Science » du 25 janvier 2002, pp. 671 et 637.
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